Réforme des retraites : Angers connaît un regain de mobilisation et de violence
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Réforme des retraites : Angers connaît un regain de mobilisation et de violence

La neuvième journée de mobilisation contre la réforme des retraites a été marquée par de violents affrontements entre policiers et manifestants. Selon les syndicats, 16 000 personnes ont défilé dans les rues d’Angers. La police en a comptabilisé 9 000.

Manif tensions et incendie Foch

La manifestation s’est déroulée dans une ambiance électrique – © Angers.Villactu.fr

L’intersyndicale avait appelé à une nouvelle journée de mobilisation contre la réforme des retraites ce jeudi 23 mars partout en France. Au lendemain de l’interview du chef de l’Etat, la colère était plus que jamais présente dans les rangs des manifestants, bien plus nombreux que la semaine dernière. Le 15 mars dernier, à Angers, entre 6 000 et 7 000 personnes avaient manifesté à Angers. Ce jeudi 23 mars, ils étaient 16 000 selon les syndicats et 9 000 selon le comptage de la police.

« Même si la journée d’action était prévue avant le discours de Macron, celui-ci a accentué la colère des manifestants. Il ne se remet pas en question et nous méprise, estime Xavier Dupeyroux, secrétaire départemental de la CGT. Alors qu’on souhaitait le rencontrer avant le passage du texte, il a refusé et maintenant il veut nous tendre la main. Comme l’a dit Philippe Martinez « C’est du foutage de gueule » ».

Sur les pancartes et dans les échanges, le nom d’Emmanuel Macron revenait régulièrement. « Macron on veut ta démission » scandaient des personnes présentes dans la foule.

Un groupe de 300 à 400 personnes s’est rapidement détaché de la manifestation – © Angers.Villlactu.fr

« Nous avons appelé à une mobilisation pacifiste suite au passage en force et à l’absence de majorité à l’Assemblée nationale pour voter le texte. Il était sûr que nous n’allions pas avoir de déclaration miracle de la part de Macron, mais ce discours a mis en colère les uns et les autres par des attaques caricaturales, ajoute Antoine Lelarge, secrétaire départemental de la CFDT. Il y a toujours la volonté de maintenir la pression, de continuer le mouvement et d’exprimer notre opposition à cette réforme. Par ailleurs, nous livrons des argumentaires juridiques au Conseil constitutionnel concernant les règles démocratiques du pays qui ont été bafouées. Nous souhaitons un référendum d’initiative partagée qui permettrait de mettre en suspens la loi pendant neuf mois le temps qu’il y ait une pétition devant récolter 4 millions de signatures ».

En début d’après-midi, la place Leclerc était noir de monde. Emeline avait fait le déplacement avec son tracteur : « L’objectif aujourd’hui est de montrer que l’on ne lâchera pas et que cette réforme ne nous convient pas. Dans nos métiers physiques, c’est un réel problème de faire deux ans de plus. On a déjà mal au dos à 30 ans, alors à 65 ans je n’imagine pas. Le gouvernement augmente la durée de cotisation de deux ans, mais l’espérance de vie ne s’allonge pas autant. On travaille plus pour vivre moins. Nous sommes nombreux aujourd’hui, peut-être qu’à un moment le gouvernement remarquera qu’il a tort. »

Tracteur manif

Les agriculteurs étaient également plus nombreux – © Angers.Villactu.fr

« Cela fait plusieurs années, qu’en tant que jeune, on a du mal à se projeter à l’âge de la retraite. Si je suis là c’est parce que la manière dont cette réforme a été amenée et débattue n’est pas démocratique. Ils ont fait semblant de faire marcher la démocratie, estime de son côté Clément, intermittent du spectacle. Beaucoup d’études montrent que ce n’est pas forcément utile et justifié de faire cette réforme. Ce n’est pas impossible que la réforme ne se fasse pas, il faut y croire. La violence, si elle est là, elle doit s’exprimer. Les responsables sont avant tout ceux qui alimentent la contestation, qui ne solutionnent pas les problèmes que l’on accumule depuis des années. On récolte ce que l’on sème ».

Voies sur berges manif syndicats

Les manifestants ont emprunté les voies sur berges – © Angers.Villactu.fr

Contrairement aux manifestations précédentes, l’intersyndicale a décidé, avec l’accord de la préfecture, de modifier le parcours de la manifestation. Le cortège a emprunté le boulevard Carnot, puis est descendu sur les voies des berges, avant de remonter le boulevard du Roi René.

Un après-midi de violences

La manifestation s’est rapidement scindée en deux, avec un groupe de 300 à 400 personnes qui s’est très rapidement détaché du cortège principal, mené par les syndicats. Pour la plupart vêtus de noir et cagoulés, ces manifestants radicaux ont dévié du parcours déposé en préfecture pour se rendre dans le quartier de la gare. Des premiers feux de poubelles place de la Visitation ont entraîné l’usage de gaz lacrymogènes de la part des forces de l’ordre.

Manif incendie Visitation

Les premières tensions ont éclaté place de la Visitation – © Angers.Villactu.fr

Tout au long de l’après-midi, des tensions ont éclaté aux quatre coins du centre-ville. Devant le château d’Angers, rue des Lices, puis rue d’Alsace, avant de se poursuivre jusqu’en soirée devant la mairie. Les tensions entre forces de l’ordre et manifestants ont atteint leur paroxysme rue d’Alsace. Les jets de projectiles et les affrontements ont fait dans cette rue trois blessés parmi les policiers.

Manif tensions rue d'Alsace

Des affrontements ont eu lieu rue d’Alsace entre manifestants et forces de l’ordre – © Angers.Villactu.fr

Ce jeudi soir, la préfecture de Maine-et-Loire indiquait que 13 personnes avaient été interpellées. Un bilan qui devrait être provisoire.