Pour le président du tribunal de commerce, « 2023 sera l’année de tous les dangers »
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Pour le président du tribunal de commerce, « 2023 sera l’année de tous les dangers »

Présent au sein du tribunal de commerce d’Angers depuis 13 ans, Rémy Dougé s’attend à une année 2023 difficile pour les entreprises qui doivent plus que jamais « anticiper ».

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Davantage d’entreprises devraient connaître des difficultés cette année – © Adobe Stock

L’année 2022 a été marquée au sein du tribunal de commerce d’Angers par une hausse des défaillances d’entreprise. « Avec le Covid et les nombreuses aides accordées, les chiffres doivent être comparés avec l’année 2019 », insiste Rémy Dougé, président du tribunal de commerce d’Angers.

En 2022, le nombre d’ouvertures de procédures collectives était de 285 contre 214 en 2021 et 2020. Ce nombre était de 402 en 2019. Si l’augmentation est de 33 % par rapport à 2021, la comparaison avec 2019 montre une baisse significative de 29 %.

Dans le détail, 222 entreprises ont fermé leurs portes en 2022 contre 168 en 2021, 159 en 2020 et 272 en 2019. Les liquidations judiciaires représentent ainsi 78 % des procédures. 54 entreprises se sont retrouvées en redressement judiciaire l’année passée, contre 41 en 2021, 45 en 2020 et 122 en 2019. Quant aux procédures de sauvegarde, elles ont concernées 9 entreprises contre 5 en 2021, 10 en 2020 et 8 en 2019.

« En 2022, 733 salariés ont été concernés par ces procédures, note Rémy Dougé. Ils étaient 314 en 2021, 574 en 2020 et 802 en 2019. On se rapproche des chiffres de 2019 ».

Les principaux secteurs concernés sont le commerce (26,32 %), le bâtiment (22,11 %), l’hôtellerie-restauration (21,40 %) et les services à la personne (17,19 %).

Rémy Dougé, président du tribunal de commerce d'Angers

Rémy Dougé, président du tribunal de commerce d’Angers – © Angers.Villactu.fr

Une année 2023 sous haute surveillance

Avec la fin du « quoi qu’il en coûte​ », l’année 2023 enregistre une augmentation progressive de procédures collectives, se rapprochant de plus en plus de l’année 2019. Selon Rémy Dougé « l’année 2023 sera celle de tous les dangers et de la vérité ».

Entre le remboursement des aides de l’Etat, la hausse des matières premières, la guerre en Ukraine et la pénurie de main-d’œuvre, « les craintes sont importantes pour le second semestre 2023 ».

« Nous avons une hausse des procédures amiables qui concernent des entreprises plus importantes avec plus de salariés, poursuit Rémy Dougé. Je suis toutefois raisonnablement optimiste. Les entreprises s’adaptent dans leur organisation. Elles font preuve d’innovation. Certains peuvent être plus en difficulté, car elles sont sur des vieux schémas ».

L’anticipation

Pour le président du tribunal de commerce, « l’anticipation » doit être le maître-mot pour les chefs d’entreprise. « Il faut anticiper sur les marges. Cela consiste notamment à tenir des tableaux de bords et des prévisionnels de trésorerie, conseille l’ancien expert-comptable. Il ne faut pas hésiter à venir au tribunal de commerce en amont lorsqu’on a des difficultés ».

Accompagner les chefs d’entreprise en difficulté

Au sein du tribunal de commerce, les chefs d’entreprise peuvent être reçus au sein d’une commission prévention pour faire « un diagnostic de la situation ». « Nous ne sommes pas là pour juger le dirigeant. Ça arrive de connaître des difficultés, surtout en ce moment. Il s’agit de présenter les dispositifs pour sortir de cette situation », précise le président du tribunal de commerce d’Angers.

A l’occasion de rencontres informelles avec le président du tribunal de commerce, les dirigeants d’entreprise peuvent également bénéficier d’un accompagnement personnalisé. « Les chefs d’entreprise sont fatigués, mais volontaristes », remarque Rémy Dougé.