Comment se portent les entreprises du Maine-et-Loire ?
Economie

Comment se portent les entreprises du Maine-et-Loire ?

Après une baisse des défaillances d’entreprises pendant les années Covid, les chiffres sont repartis à la hausse en 2023. La tendance se confirme sur le premier trimestre 2024.

En 2023, de nombreuses entreprises ont connu des difficultés – © Adobe Stock

Inflation, hausse des coûts de l’énergie, ou encore difficultés de recrutement, les entreprises traversent une période pour le moins compliquée. « Nous sortons, avec la crise sanitaire, d’une longue parenthèse qui a duré près de trois ans. Pour certaines entreprises, le redémarrage a été plus compliqué », note Jean-René Camus, président du tribunal de commerce d’Angers depuis le mois de janvier 2024.

Avec une vingtaine de juges, tous bénévoles, il préside plusieurs audiences chaque semaine. Le mercredi matin est consacré aux procédures collectives, l’après-midi, l’audience publique concerne les contentieux. Enfin, le mardi matin se tiennent les audiences de référés.

« Nous constatons depuis plusieurs mois une recrudescence du nombre d’ouverture de procédures collectives. Dans 80 % des cas, il s’agit d’entreprises de moins de cinq salariés », indique le président du tribunal de commerce d’Angers.

Entre 2022 et 2023, le nombre de procédures collectives est passé de 285 à 433. Elles concernaient 733 salariés en 2022 contre 1 309 l’année passée. Au premier trimestre 2024, 153 procédures collectives ont été ouvertes (123 à la même période en 2023), touchant 305 salariés (417 en 2023). « Nous notons actuellement une accélération du nombre de dépôts », souligne Jean-René Camus.

Du côté des procédures amiables, le tribunal de commerce a comptabilisé 160 procédures en 2023 contre 90 procédures en 2022.

Jean-René Camus est le président du tribunal de commerce – Angers.Villactu.fr

Parmi les secteurs les plus impactés, on retrouve, comme chaque année, le commerce, le bâtiment et les services à la personne. « Nous sommes revenus à des chiffres relativement similaires à la période d’avant Covid. Les entreprises qui sont en difficulté sont souvent très jeunes ou elles étaient déjà en souffrance avant la crise sanitaire. Les aides mises en place, comme le prêt garanti par l’État (PGE), n’ont fait que reporter le problème », explique Jean-René Camus.

« Venir au tribunal n’est pas une sanction »

Le tribunal de commerce intervient sur deux niveaux. Le premier concerne la prévention et la détection, qui permet d’identifier des entreprises susceptibles d’être en difficulté. Le second, les procédures amiables qui sont non judiciaires. Elles ont pour but de négocier avec les créanciers. « Demander la désignation d’un mandataire ad hoc ou d’un conciliateur aboutit dans plus de 70 % des cas à un accord. Dans le cas contraire, 85 % des dossiers ouverts en procédures collectives terminent par une liquidation judiciaire de l’entreprise, poursuit Jean-René Camus, qui fut hôtelier à Saumur pendant plus de vingt ans. Le maître-mot reste l’anticipation. Il ne faut pas considérer sa venue au tribunal de commerce comme une sanction ».

Par Sylvain Réault.