Colère des agriculteurs : « Nous ne voulons plus être la variable d’ajustement »
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Colère des agriculteurs : « Nous ne voulons plus être la variable d’ajustement »

Ce mercredi, une cinquantaine d’agriculteurs ont bloqué le pont de Verdun à Angers pour dénoncer le projet de traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur, alertant sur les risques de concurrence « déloyale » et sur le retour potentiel de produits ne respectant pas les normes sanitaires européennes.

Une cinquantaine d’agriculteurs étaient rassemblés sur le pont de Verdun à 12 h, ce mercredi 20 novembre. – © Angers.Villactu.fr

Ce mercredi 20 novembre, une cinquantaine d’agriculteurs se sont rassemblés sur le pont de Verdun à Angers pour exprimer leur opposition au traité de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay et Bolivie).

Cette action, portée par les syndicats FNSEA et Jeunes agriculteurs, s’inscrit dans une campagne nationale visant à maintenir la pression sur le gouvernement français.

Deux tracteurs ont été immobilisés sur la chaussée, tandis qu’une banderole dénonçant le projet de traité a été déployée au-dessus de la Maine. Des fumigènes aux couleurs nationales ont également été allumés, symbolisant une colère qui, selon les manifestants, « ne faiblit pas » depuis l’annonce de ce projet de partenariat économique.

Une opposition de longue date

Cette mobilisation n’est pas une première. En juillet 2019, une action similaire s’était tenue sur le même pont, preuve de la persistance des inquiétudes du monde agricole. « Nous combattons ce traité depuis des années, car il menace directement nos exploitations. Ce n’est pas qu’un enjeu économique, c’est aussi une question de souveraineté alimentaire et de respect des normes sanitaires », a déclaré Emmanuel Lachaize, président départemental de la FNSEA.

Les agriculteurs reprochent au gouvernement de ne pas tenir compte des engagements pris au printemps dernier, notamment sur la protection des filières agricoles nationales. Selon eux, les semaines d’incertitude liées au remaniement ministériel et au calendrier politique ont aggravé leurs craintes.

Clément Traineau (FNB), Romain Blanchard (FNSEA), Nathalie Pichaud (JA), Emmanuel Lachaize (FDSEA 49) et Simon Martin (JA) étaient présents à la manifestation de ce mercredi. – © Angers.Villactu.fr

Une concurrence jugée déloyale

Au cœur des critiques figure l’importation massive de viande bovine prévue par le traité. Celui-ci autoriserait l’arrivée sur le marché européen de 99 000 tonnes de viande sud-américaine supplémentaires chaque année, en plus des 60 000 tonnes déjà importées. « Même si cela ne représente que 2 à 3 % de la consommation annuelle, cette viande est produite dans des conditions très différentes des nôtres, avec des normes sanitaires et environnementales moins strictes », explique Clément Traineau, représentant de la Fédération nationale bovine (FNB).

Parmi les substances interdites en Europe mais autorisées dans les pays du Mercosur figurent des hormones de croissance et des produits phytosanitaires interdits depuis des décennies sur le sol européen. « Accepter ce traité, c’est réintroduire dans nos assiettes des pratiques que nous avons bannies pour protéger les consommateurs et l’environnement », s’insurge Romain Blanchard, secrétaire général adjoint de la FNSEA.

Les syndicalistes dénoncent également un déséquilibre commercial. « On sacrifie nos agriculteurs pour exporter des voitures et des services. Pourquoi serait-on toujours la variable d’ajustement ? », interroge Simon Martin, représentant des Jeunes agriculteurs.

Des tracteurs étaient stationnés sur le pont de Verdun à Angers, arborant un panneau « Non ! au Mercosur ». – © Angers.Villactu.fr

Une mobilisation nationale

La manifestation angevine s’inscrit dans une série d’actions organisées à travers la France. Les syndicats agricoles entendent maintenir la pression sur l’exécutif pour qu’il rejette ce traité lors des prochaines étapes de négociation au niveau européen. Emmanuel Macron, qui avait exprimé des réserves sur l’accord en raison de son impact environnemental, est désormais appelé à clarifier sa position.

Pour autant, les agriculteurs angevins insistent sur leur volonté de limiter l’impact de leurs actions sur la population. « Nous ne voulons ni bloquer les Français ni les affamer. Notre combat, c’est pour eux aussi, pour qu’ils aient accès à une alimentation saine et produite localement », souligne Romain Blanchard.

À Angers, l’action s’est terminée dans le calme, mais les syndicats annoncent déjà de nouvelles mobilisations. « Notre message est clair : tant que ce traité restera sur la table, nous continuerons à nous battre », ajoute Emmanuel Lachaize. Pour se faire, des actions seront prévues « jusqu’à la mi-décembre, et si le gouvernement ne nous entend toujours pas, elles reprendront en janvier 2025, après les fêtes », conclut Romain Blanchard.

Par Eline Vion.

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