Arrivée des deux nouvelles lignes de tramway à Angers : « Il faut que les transports en commun deviennent un automatisme »
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Arrivée des deux nouvelles lignes de tramway à Angers : « Il faut que les transports en commun deviennent un automatisme »

A l’approche de la mise en service des deux nouvelles lignes de tramway le 8 juillet prochain, Corinne Bouchoux, vice-présidente d’Angers Loire Métropole (ALM) en charge de la Transition écologique et des Mobilités, espère que cette nouvelle offre va booster la fréquentation des transports en commun. Entretien.

Corinne Bouchoux

Corinne Bouchoux vice-présidente d’ALM en charge de la Transition écologique et des Mobilités s’est exprimée sur l’arrivée des nouvelles lignes de tramway à Angers. – © Angers.Villactu.fr

Depuis 2017, les angevins attendent impatiemment l’arrivée des lignes B et C du tramway, qui permettront de desservir les quartiers de Belle-Beille et de Monplaisir. La mise en service, prévue pour le 8 juillet 2023, approche à grands pas et sera la concrétisation de près de cinq ans de travaux.

Qu’attendez-vous de la mise en service des deux nouvelles lignes de tramway ?

Corinne Bouchoux : « Au total, près de 100 000 habitants se trouveront à moins de 500 mètres d’un arrêt de tramway, soit 35 % de la population d’Angers Loire Métropole.

On attend donc 25 % de clients en plus sur tout le réseau de transport en commun, bus et tramway inclus, sachant qu’on avait perdu 15 % de fréquentation à cause du Covid.

Ce que j’attends à titre personnel c’est que chacun se questionne sur ses usages au quotidien. Il faut que les habitants se questionnent sur comment ils vont se déplacer à partir de septembre, quel est le bus à proximité, quelle est la station du tramway la plus proche, et qu’ils limitent la voiture à chaque fois que cela est possible. Il faut que les transports en commun et la marche deviennent un automatisme.

En termes de déplacements, on veut augmenter significativement la part modale des transports en commun. Actuellement, l’utilisation de la voiture est passée de 62 à 50 % des trajets. 10 % des trajets faits par nos concitoyens dans l’agglomération angevine sont en transports en commun. On veut viser plus haut ».

Le réseau de bus doit également être revu avec l’arrivée des deux nouvelles lignes de tramway. Comment s’organisera-t-il ?

« Le réseau de bus a été redessiné. On a gardé ce qui marchait et on va progressivement ajouter des kilomètres en plus de ligne.

Les travaux auront lieu en deux fois. Nous ajouterons 7 % de ligne de bus cette année et 3 % l’année prochaine. Ce changement aura lieu en deux temps en raison de son coût, mais aussi pour agir de manière pragmatique. Les bus vont passer plus souvent et dans des lieux où ils ne passaient pas auparavant. Peut-être qu’il y aura des endroits où il manquera des bus et il faudra en injecter et inversement. C’est pour cela que nous effectuons les travaux en deux temps.

Ce nouveau réseau est plus lisible et plus simple. Des lignes express sont agencées pour aller à Angers plus rapidement et ce toute la journée, notamment à Loire-Authion quand la prison sera terminée. Nous avons aussi supprimé la quasi-totalité des fourches qui causaient de nombreuses confusions chez les usagers. Nous communiquerons ces changements dans le détail au mois de juin ».

Comment éviter la saturation des transports aux heures de pointe ?

« Il faut travailler sur les temps de la vie et de la ville. Il faut que les employeurs fournissent un effort pour que tout le monde ne travaille pas à 8 h et que tout le monde ne finisse pas à 17 h. Si on décale de quart d’heure en quart d’heure, on va déjà décaler le problème.

Dans un premier temps, les réseaux de tramway et de bus vont déjà améliorer les choses. Nos nouvelles rames de tramway pourront accueillir plus de monde, passant de 208 places à 217.

Pour désengorger le réseau, on travaille avec Irigo et Klaxit pour inciter au covoiturage. Nous souhaitons aussi promouvoir l’utilisation du vélo. Sa part modale a doublé à Angers, passant de 3 à 6 points. On a dépassé les 8 300 aides pour l’achat d’un vélo à assistance électrique. C’est tout une philosophie de vie qu’il faut cultiver.

Ce qui nous aide aussi, c’est malheureusement l’inflation. Les gens ont besoin de compter à l’euro près et par conséquent, ils utilisent davantage les transports en commun. Avant, ce qui était écologique n’était pas économique, alors que maintenant, on allie la défense du pouvoir d’achat et de la planète ».

Quel est le coût précis de cette nouvelle ligne de tramway ?

« Au total, ce nouveau réseau nous coûte 285 millions d’euros. Angers Loire Métropole finance la grande majorité du projet avec 249,05 millions d’euros. L’Etat apporte une aide de 25,11 millions d’euros, la région Pays de la Loire finance 10 millions d’euros, et nous recevons des fonds européens à hauteur de 740 000 euros ».

En 2022, le prix du ticket a légèrement augmenté. N’est-ce pas un frein pour attirer plus d’habitants dans les transports en commun ?

« Ce n’est pas un frein. On propose des abonnements avantageux, notamment pour les étudiants et un tarif solidaire. Etant professeure d’économie, je suis personnellement contre la gratuité des réseaux.

A Nantes par exemple, la gratuité partielle les weekends leur coûte 25 millions d’euros de dépenses annuelles en plus. Cette gratuité, même partielle, revient à payer à des couches favorisées leur shopping du weekend, mais celles-ci ne prendront pas pour autant un abonnement la semaine.

L’usager, quand il achète son ticket, ne paye qu’un quart de son prix car le reste est subventionné, ce qui est déjà très avantageux. Pour les sorties scolaires c’est gratuit, et les jours de pics de pollution nous souhaitons à l’avenir mettre en place un ticket à deux euros la journée. »

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Par Eline Vion.