Un nouveau centre dentaire au CHU d’Angers pour les patients sans praticien
Santé

Un nouveau centre dentaire au CHU d’Angers pour les patients sans praticien

Face à la pénurie de praticiens, le CHU d’Angers a inauguré mercredi 17 septembre un Centre d’enseignement et de soins dentaires, destiné aux patients sans dentiste traitant.

45 patients par jour seront reçus au CESD. – © Angers.Villactu.fr

Alors que les soins dentaires n’y étaient plus pratiqués depuis 2017, le CHU d’Angers a inauguré mercredi 17 septembre son Centre d’enseignement et de soins dentaires (CESD), au 22 rue Amsler, à proximité immédiate du site hospitalier. Ce nouvel équipement vise à répondre aux besoins des habitants du Maine-et-Loire, particulièrement touchés par la pénurie de praticiens.

Au total, le département compte 456 chirurgiens-dentistes, soit 55 pour 100 000 habitants, contre 72 en moyenne nationale. « On ne s’adresse qu’aux personnes qui n’ont pas de dentiste traitant. Les praticiens en ville ne peuvent pas se délester sur notre service », précise le Dr Arnaud Le Roux, chirurgien-dentiste hospitalier et coordinateur du centre avec le Dr Juliette Lucas.

Une offre élargie, mais encadrée

Installé dans des locaux de 250 m² réhabilités, le CESD dispose de six salles de consultation équipées chacune d’un fauteuil, dont un adapté aux personnes à mobilité réduite. L’établissement, financé à hauteur de 900 000 € sans subvention publique directe, vise l’accueil d’environ 45 patients par jour. Les consultations concernent aussi bien des bilans et soins courants que des actes prothétiques ou urgents.

Le centre s’adresse en priorité aux adultes et aux enfants dépourvus de suivi en ville, mais prévoit également une prise en charge des populations dites spécifiques, notamment les patients en situation de handicap. « Des visites blanches sont possibles avant la consultation pour réduire l’anxiété. Nous pouvons aussi recourir à des techniques adaptées comme l’hypnose », explique Juliette Lucas. Un fauteuil est par ailleurs conçu pour accueillir des patients en situation d’obésité jusqu’à 230 kg.

Le CESD propose en outre des créneaux réservés aux patients de l’Institut de cancérologie de l’Ouest (ICO), nécessitant des soins bucco-dentaires avant une intervention chirurgicale ou un traitement oncologique.

Des salles de consultations sont adaptées aux profils particuliers. – © Angers.Villactu.fr

Former et attirer de jeunes praticiens

Le fonctionnement du centre repose sur une équipe de 14 étudiants en dernière année de la faculté d’odontologie de Nantes. Encadrés par deux praticiens hospitaliers et cinq dentistes libéraux vacataires, ils assurent la majorité des soins. « À ce stade de leur formation, ils sont déjà familiarisés avec la pratique clinique. Leur prise en charge des patients se fait toujours sous supervision », souligne Arnaud Le Roux.

L’expérience constitue aussi un outil d’attractivité pour le territoire. « Ce centre peut être vu comme un sas de transition avant leur installation en libéral. C’est l’occasion de les sensibiliser à des prises en charge variées, notamment celles des patients en situation de handicap », analyse Juliette Lucas. La direction du CHU espère que cette immersion incitera certains à s’implanter durablement dans le département.

Des rendez-vous en semaine

Le CESD est ouvert du lundi au vendredi de 8 h 45 à 12 h 45 et de 14 h à 17 h 45. Il n’assure pas de permanence les nuits, week-ends et jours fériés. Les rendez-vous se prennent provisoirement par téléphone (06 50 67 19 08) avant de basculer sur une plateforme en ligne. Aucun créneau n’est délivré sur place.

En cas d’urgence, un fauteuil est dédié aux actes non programmés en semaine, mais l’orientation passe par le service d’accès aux soins (116 117). Le dispositif de garde dominical et des jours fériés reste, lui, assuré par les praticiens libéraux. Le samedi demeure toutefois un point faible du dispositif, aucune permanence n’étant organisée dans le département.

Julie, Lou, Alice et Clémence sont toutes les quatre étudiantes et assurent des rendez-vous au CESD. – © Angers.Villactu.fr

Le projet bénéficie du soutien du Conseil départemental de l’Ordre des chirurgiens-dentistes, de l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) et de partenaires privés. L’URPS a apporté 50 000 € pour l’investissement et 10 000 € annuels pour le fonctionnement, complétés par du mécénat (AXA, Crédit Agricole Anjou-Maine).

Pour Cécile Jaglin-Grimonprez, directrice générale du CHU, « le but est vraiment de travailler comme un cabinet de ville, en tant qu’antenne de la faculté d’odontologie de Nantes ». Elle ajoute : « On espère que le Maine-et-Loire plaira tellement aux jeunes praticiens qu’ils choisiront de s’y installer secondairement. »

Par Eline Vion.

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