L’entreprise Néolithe, basée à Beaulieu-sur-Layon, met fin au traitement des déchets de chantier après la détection de traces d’amiante. Confrontée à une réglementation exigeant le « zéro amiante », elle revoit son modèle industriel et recentre ses activités.

Des déchets non recyclables sont traités au sein de l’usine – © Angers.Villactu.fr
À la suite de la détection répétée de traces d’amiante dans des déchets de chantier, l’entreprise angevine Néolithe, implantée à Beaulieu-sur-Layon, a annoncé qu’elle se retirait de ce segment d’activité. Incapable de garantir l’absence totale de fibres d’amiante, comme l’exige un arrêté préfectoral, la société revoit sa trajectoire de développement et concentre désormais ses efforts sur le traitement des déchets d’entreprises et d’industries.
Un retrait contraint de l’activité chantier
Créée en 2019 à Chalonnes-sur-Loire, Néolithe développe un procédé qui transforme des déchets non recyclables en granulats utilisables dans le béton. Une partie de sa production reposait sur le traitement des déchets de chantier, désormais exclu de ses activités. « Nous avons constaté la présence régulière de traces d’amiante dans les déchets de chantier que nous recevons. Malgré des mesures renforcées de détection, de sécurité et de protection, l’objectif “zéro amiante” reste techniquement inaccessible, déclare l’entreprise dans un communiqué.
L’entreprise explique avoir mis en place des dispositifs de contrôle « au-delà des standards pratiqués » dans le secteur. Mais ces précautions n’ont pas permis d’éviter la détection de fibres d’amiante dans certains lots de déchets entrants. À la suite de cette déclaration à l’administration, un arrêté préfectoral a enjoint la société de garantir une absence totale d’amiante, tant dans les déchets réceptionnés que dans les produits sortants.
« Face à cette impossibilité, nous avons pris la décision de ne plus traiter ces déchets. Ce choix n’était pas prévu dans notre trajectoire de développement, mais il est nécessaire pour sécuriser l’avenir de l’entreprise et de nos équipes », poursuit-elle.
Ce retrait entraîne des conséquences industrielles et sociales : « À court terme, cette décision conduit à réduire fortement notre activité opérationnelle et à nous recentrer sur la reconfiguration du process industriel », indique la direction. L’entreprise reconnaît que « l’impact sur les effectifs est significatif » et assure que toute leur attention « sera portée sur l’accompagnement des salariés durant cette période de transition ».

Les granulats sont utilisés par des entreprises du BTP – © Angers.Villactu.fr
Des ambitions maintenues
Néolithe estime que cette crise met en lumière une difficulté structurelle pour la filière. « Plusieurs centaines de millions de tonnes de déchets inertes et non inertes sont aujourd’hui potentiellement contaminées, même à dose infinitésimale », souligne la société. Elle juge que « la logique du zéro amiante imposée par la réglementation, mais non applicable, fait courir un risque important aux acteurs du tri et du traitement des déchets de chantiers ».
Malgré ce retrait, l’entreprise affirme maintenir ses ambitions à long terme : « Nous nous focalisons désormais sur un marché cible important de 13 millions de tonnes de déchets d’entreprises et d’industries, aujourd’hui enfouis ou incinérés. Notre technologie de fossilisation accélérée reste une alternative crédible et nécessaire à l’enfouissement et à l’incinération. »
L’entreprise espère que « cette décision contribuera à faire émerger une réponse collective » à ce que son président, Nicolas Cruaud, qualifie de « problème majeur de filière ». « Nous espérons un sursaut des pouvoirs publics sur ce sujet, car la situation va devenir intenable pour nombre d’acteurs », conclut-il.
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