À Angers, la journée de mobilisation « Bloquons tout », ce mercredi 10 septembre, a donné lieu à plusieurs blocages de ronds-points dès l’aube. Les rassemblements se poursuivent cet après-midi.

Des barrages filtrants ont été mis en place tout au long de la matinée. – © Angers.Villactu.fr
Ce mercredi 10 septembre, plusieurs dizaines de manifestants se sont rassemblés dès l’aube à Angers pour participer à la journée de mobilisation « Bloquons tout », un mouvement né sur les réseaux sociaux et sans organisation officielle. Tels les débuts des Gilets jaunes en 2018, l’action a pris la forme de barrages filtrants sur des points stratégiques de la ville.
À l’Espace Anjou, moins d’une centaine de personnes se tenaient sur le rond-point à partir de 6 h 30. Les pancartes et slogans faisaient écho à une contestation contre la politique gouvernementale : « Nous sommes là car le gouvernement ne nous entend pas, et ce, depuis des années. Au-delà même du gouvernement c’est toute la classe politique qui ne nous comprend pas », explique « Tonton Hubert », ancien Gilet jaune. Il poursuit : « On voit que la misère augmente et que les Français sont appauvris. Il faut que cela cesse. »
Un constat partagé par Magali Lardeux, secrétaire départementale de Force ouvrière (FO 49) : « Il y a un blocage économique et politique généralisé. Nous ne sommes pas dupes de la politique que mène Emmanuel Macron, estime-t-elle. On nous demande de faire 40 milliards d’économies alors que 10 millions de Français n’ont déjà plus les moyens de vivre. Ce dont on a besoin, c’est d’investissements dans les hôpitaux, les écoles, les services publics, les retraites et l’avenir de nos enfants. »
Saint-Serge également mobilisé
Même scène devant le Carrefour du quartier de Saint-Serge, où entre 100 et 200 personnes ont bloqué les accès, compliquant fortement la circulation. Les manifestants distribuaient des tracts et échangeaient avec les automobilistes. Les forces de l’ordre sont arrivées en fin de matinée, sans incident notable.
Parmi les présents, des profils variés. Une lycéenne, qui préfère rester anonyme, dit craindre pour son avenir : « Nous aussi on a besoin de connaître une retraite et on a besoin d’aide. Tout le monde doit donner un peu, les ultrariches doivent être taxés ».
Du côté syndical, Vincent, représentant de Force ouvrière, met en cause les orientations politiques actuelles : « La nomination de Sébastien Lecornu en tant que Premier ministre n’était pas rassurante. Il a été dans tous les gouvernements depuis 2017. La politique va être la même, peut-être en pire. »

Les barrages ont été levés en fin de matinée. – © Angers.Villactu.fr
D’autres expriment un profond sentiment d’usure sociale : « Il y a un ras-le-bol qui monte de plus en plus à force de voir nos acquis sociaux être grignotés. Nous payons toujours plus et on veut nous faire porter la responsabilité de la dette, alors que ce sont les dirigeants qui sont responsables avec leurs choix budgétaires », témoigne Jean-Pierre, salarié de la métallurgie. Pour lui, qui faisait grève pour la première fois, « la nomination du nouveau Premier ministre, bras droit d’Emmanuel Macron, a décuplé la volonté de se mobiliser ».
Mickaël, salarié chez Scania et ancien Gilet jaune, renchérit : « Aujourd’hui, plus on travaille, plus on nous prend de l’argent. Les riches continuent de s’engraisser, il faut les taxer davantage plutôt que de toujours taper sur les mêmes. Il est temps qu’Emmanuel Macron s’en aille. Une dissolution ne changera rien, ce sont des magouilles politiques. »
Des automobilistes patients
Si les blocages ont provoqué des ralentissements, nombre d’automobilistes se disaient tout de même compréhensifs. Lake et Romain, en route pour un rendez-vous médical, avaient anticipé le trafic : « Nous sommes partis à 8 h 30 pour être sûrs d’arriver à 11 h 15. »
Certains exprimaient même un soutien : « Je suis livreur, j’ai des contraintes horaires, mais finalement ce n’est pas si grave. Ça fait 30 minutes que je suis bloqué, mais je soutiens le mouvement », confie Axel, apprenti. Fabienne, infirmière, bloquée dans sa voiture, relativise également : « Ça fait deux heures que je n’ai pas avancé, mais je vais attendre, c’est normal. »
En fin de matinée, une centaine de personnes se sont également rassemblées place Leclerc, avant de rapidement se dissiper. Cet après-midi, les protestations continuent. Un rassemblement est en cours dans les rues de la Doutre et du centre-ville.
Par Sylvain Réault et Eline Vion.
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