La start-up Aptimiz aide à optimiser le temps de travail des agriculteurs
Economie

La start-up Aptimiz aide à optimiser le temps de travail des agriculteurs

Grâce à son application, la start-up angevine Aptimiz propose une solution d’optimisation du temps de travail dans les exploitations agricoles. Après avoir levé plus de 3 millions d’euros, l’entreprise envisage un déploiement à l’international.

Armand Sachot, Matthieu Carpentier et Simon Denonnain ont développé le projet d’Aptimiz durant leurs études. – © Angers.Villactu.fr

Selon des données de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) datant de 2019, près de 400 000 personnes sont agriculteurs exploitants en France. 55 % d’entre eux ont 50 ans ou plus, et constituent le groupe socioprofessionnel comportant proportionnellement le plus de seniors en activité. À l’inverse, seuls 1 % des agriculteurs ont moins de 25 ans.

Les agriculteurs déclarent un temps de travail hebdomadaire bien supérieur à celui de l’ensemble des personnes en emploi, s’élevant à 55 heures en moyenne, contre 37 heures pour l’ensemble de la population.

Partant de ces constats, Matthieu Carpentier, Simon Denonnain et Armand Sachot, ont décidé de fonder la start-up Aptimiz, avec pour objectif d’offrir une solution de maîtrise du temps de travail des agriculteurs, tout en attirant les nouvelles générations.

Optimiser la gestion des exploitations

Tous issus du milieu agricole et anciens étudiants de l’Ecole supérieure des agriculteurs (ESA) à Angers, Matthieu Carpentier, Simon Denonnain et Armand Sachot, ont développé en septembre 2018 un outil à destination des agriculteurs.

« C’est un secteur où l’on ne compte pas ses heures et la vie sociale peut en pâtir. Afin d’améliorer l’organisation de l’exploitation et sa performance, tout en progressant sur leur bien-être, nous voulions trouver une solution efficace pour les agriculteurs », explique Armand Sachot.

Basée sur la géolocalisation, l’application Aptimiz analyse le temps dédié à chaque tâche, par zone, par personne, et par machine, tout en prenant en compte les déplacements, sans avoir besoin de rentrer manuellement des saisies.

« Aptimiz s’adapte à toutes les exploitations, que ce soit de l’élevage, des céréales ou de la viticulture, et à toutes les tailles d’exploitations. Fonctionnant même sans réseau, l’outil est disponible sur smartphone, mais également sous la forme d’un capteur pour les personnes qui n’en ont pas. Il s’adapte à tous les utilisateurs, expérimentés ou non, et nos équipes assurent un accompagnement lors de la prise en main », décrit le co-fondateur.

Attirer une nouvelle main d’œuvre

D’après les chiffres de l’Insee, 69 % des exploitants agricoles n’emploient aucun salarié.

Pour Armand Sachot, en calculant la rentabilité horaire par atelier, Aptimiz « permet de savoir si l’exploitant peut déléguer certaines tâches, et ainsi prendre un salarié. Si la rentabilité d’un atelier est supérieure à 15 ou 20 euros de l’heure, il peut recruter quelqu’un. Mais il est parfois difficile de le savoir en temps réel, sans outil pour aider ».

Dans l’application, chaque activité est analysée avec un graphique clair et de nombreuses simulations peuvent être effectuées, afin d’améliorer ou calibrer des futurs projets.

« Nous avons déjà rencontré un agriculteur qui pensait son exploitation bovine non rentable et qui a finalement pu faire appel à de la main d’œuvre supplémentaire », témoigne-t-il.

Un autre intérêt de l’application est d’attirer les jeunes générations à se lancer dans le secteur : « Aptimiz peut aussi aider lors de départs en retraite ou de l’installation de jeunes agriculteurs. C’est un moyen d’avoir des données fiables pour mieux créer ses projets, minimiser les risques, et de valoriser sa structure. »

Une croissance éclair

Si l’aventure a débuté dans un local de 30 m² au sein de l’école d’ingénieurs, l’entreprise connaît une croissance continue, notamment depuis sa levée de fonds de 3,1 millions d’euros en avril 2023.

Grâce à leur application, Aptimiz a également remporté deux trophées de bronze, un lors du Sival 2022 et un autre prochainement au Sival 2024, le salon international des techniques de productions végétales.

Comptant actuellement une vingtaine de collaborateurs, cette expansion a nécessité l’acquisition de nouveaux locaux, avec une surface désormais multipliée par huit, occupant 235 m² de bureaux au Digital Village.

L’entreprise entend désormais renforcer ses effectifs, avec pour objectif de maintenir sa place de leader de la traçabilité agricole en France, ainsi que de conquérir de nouveaux marchés à l’échelle européenne et internationale.

« Nous sommes en phase de recrutement de commerciaux un peu partout en France, mais nous cherchons également des personnes en succès client, afin de renforcer nos équipes, ajoute Armand Sachot. À l’avenir, nous souhaitons nous faire davantage connaître en France, et l’idée serait de conquérir le marché international ».

Par Eline Vion.