La marque de fast fashion Shein ouvrira, au sein des Galeries Lafayette d’Angers, l’une de ses premières boutiques physiques en France, le 15 novembre prochain.

Les Galeries Lafayette d’Angers accueilleront une boutique Shein. – © Angers.Villactu.fr
L’enseigne Shein, géant de la fast fashion, a annoncé mercredi 1er octobre, l’ouverture de ses premiers magasins physiques permanents. Une première mondiale pour l’enseigne, qui a choisi la France comme vitrine. Six boutiques sont prévues d’ici la fin de l’année, dont une à Angers, qui ouvrira, selon nos informations, le 15 novembre prochain sur un espace de 350 m² au 3e étage des Galeries Lafayette.
Cette décision, présentée par la Société des Grands Magasins (SGM) comme une contribution à la revitalisation des centres-villes, provoque déjà de vives réactions, notamment du côté des Galeries Lafayette, qui expriment leur « profond désaccord ».
Une enseigne contestée
Après avoir bâti sa notoriété sur le commerce en ligne, Shein franchit une étape symbolique. Le premier magasin ouvrira en novembre au BHV Marais, à Paris, puis cinq autres suivront à Dijon, Grenoble, Limoges, Reims et Angers, tous hébergés dans des magasins Galeries Lafayette exploités par la Société des Grands Magasins (SGM).
Dans un communiqué, SGM présente ce partenariat comme « un engagement pour revitaliser les centres-villes partout en France, restaurer les grands magasins et développer des opportunités pour le prêt-à-porter français ». L’entreprise promet la création de « 200 emplois directs et indirects » au sein de son groupe.
Créée en 2012 en Chine et désormais basée à Singapour, Shein s’est imposée en quelques années comme un acteur majeur du textile mondial. La marque séduit une clientèle jeune par ses prix très bas et une offre renouvelée en permanence.
Mais son modèle suscite de vives critiques. En Europe, les industriels du secteur dénoncent une « concurrence déloyale », Shein profitant de l’exonération de droits de douane pour les colis de moins de 150 euros. Selon la Commission européenne, près de 4,6 milliards de ces petits colis ont franchi les frontières de l’Union en 2024, dont 800 millions pour la France, compliquant le travail des services de contrôle.
La plateforme est également pointée du doigt pour son impact environnemental et social. En novembre 2023, une enquête de la cellule française de l’OCDE a conclu que Shein n’était pas conforme à plusieurs principes directeurs de l’organisation, en particulier sur les droits humains et la protection de l’environnement.
L’inquiétude du secteur textile
Quelques heures après cette annonce, le groupe Galeries Lafayette a tenu à clarifier sa position : « Nous tenons à exprimer notre profond désaccord avec cette décision, au regard du positionnement et des pratiques de cette marque d’ultra fast fashion, qui est en contradiction avec notre offre et nos valeurs », a indiqué l’enseigne dans un communiqué.
Même si les magasins concernés portent encore l’enseigne Galeries Lafayette, ils ne sont plus exploités directement par le groupe, mais par SGM, société créée en 2021 et qui détient aujourd’hui sept magasins de province, ainsi que le BHV Marais. Les Galeries Lafayette estiment néanmoins que le projet « est contraire aux conditions contractuelles d’affiliation » qui les lient à SGM. Le groupe assure qu’il « empêchera la mise en œuvre » du partenariat.
En réponse à la réaction des Galeries Lafayette, SGM réaffirme que « ce partenariat est conforme aux conditions contractuelles les liant aux Galeries Lafayette » et que « le dialogue reste constant entre les deux pour lever ce malentendu ».
Les réactions dans le secteur du textile ne se sont pas fait attendre. La Fédération nationale de l’habillement (FNH) a réagi vivement à cette annonce : « Après Pimkie, ce sont désormais le BHV et les Galeries Lafayette en province qui se tournent vers l’ultra fast fashion », a-t-elle déclaré dans un communiqué. Pour la fédération, ce choix révèle « un manque d’imagination et de professionnalisme alarmant » de la part des enseignes concernées. « Alors que leur rôle devrait être de soutenir la diversité, l’innovation et la responsabilité, elles font le choix d’un modèle qui tire le marché vers le bas et porte atteinte à l’image des grands magasins français », a-t-elle ajouté.
Par Eline Vion.
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