Les différentes épidémies hivernales et le manque de personnels obligent le CHU d’Angers à déclencher le plan blanc. Ce dernier va permettre une réorganisation des services pour faire face à l’afflux de patients.
Ce jeudi 24 novembre 2022, le CHU d’Angers a réactivé le plan blanc face à l’intensité des épidémies hivernales et au manque de personnels. Il s’agit du quatrième plan blanc activé depuis mars 2020 au sein de l’établissement de santé.
« Cette décision est motivée par le niveau de circulation des malades hivernales, notamment l’épidémie de bronchiolite, mais aussi en raison de la hausse de patients aux urgences pédiatriques et adultes. Nous rencontrons une certaine difficulté à hospitaliser les patients », explique Arnaud Pouillart, directeur général adjoint du CHU.
En activant le plan blanc, il s’agit pour le CHU d’Angers de se mettre en ordre de marche pour faire face à la gestion épidémique et aux nécessités d’hospitalisation des patients du territoire. Une Unité Post-Urgences Gériatrique (UPUG) va voir le jour. Ce type d’unité d’hospitalisation de court séjour sera composée de 11 lits dédiés à l’accueil des patients âgés après leur passage aux urgences. « Cette unité a vocation à être pérennisée », note le CHU.
« La situation est très délicate à gérer, confirme le professeur Alain Mercat, président de la commission médicale d’établissement. Il y a des situations où il est très difficile de trouver un lit d’hospitalisation. Certes il y a des lits fermés faute de personnels, mais pas plus qu’en 2019. Nous avons des patients âgés, qui ne peuvent pas retourner chez eux, pour lesquels nous ne trouvons pas de places dans d’autres établissements. Il y a des patients qui restent aux urgences pendant des heures, voire des jours, ce n’est pas bien du tout ».
Une très forte tension en pédiatrie
« L’épidémie de bronchiolites est hors normes cette année. Elle est plus précoce et plus intense que les années précédentes. Nous n’avions pas connu un tel pic depuis une dizaine d’années », indique Bertrand Leboucher, chef du département de pédiatrie au CHU d’Angers.
La semaine dernière, plus de 100 passages par jour aux urgences pédiatriques ont été comptabilisées, soit 30 de plus que d’habitude. Pour faire face, le CHU a fait appel à la réserve sanitaire. La pédiatrie accueillera quatre infirmières, dont certaines bénéficient déjà de compétences pédiatriques. Par ailleurs, un médecin référent sera présent en renfort le soir, entre 18 h et 23 h, au sein des urgences pédiatriques.
En pédiatrie générale, le CHU d’Angers indique avoir ouvert quatre lits supplémentaires (50 au lieu de 46 habituellement). Quatre nouveaux lits ont également été ouverts en soins critiques pédiatriques.
Un appel à la population
« Ce qui est inquiétant, c’est que la période critique est généralement entre mi-décembre et fin février avec les épidémies de grippe et de gastro. Nous sommes déjà dans une situation extrêmement tendue un mois avant », constate le professeur Alain Mercat.
Cette période particulièrement difficile pour le système de santé pousse le CHU d’Angers à demander à la population de ne venir aux urgences qu’en cas de réelle nécessité. « On a besoin de l’aide de la population. Il faut éviter de venir consulter aux urgences pour des pathologies bénignes. Enfin, il est important de se faire vacciner contre la grippe », conclut le professeur Alain Mercat.
Les syndicats réclament des recrutements
« Depuis des mois, la CGT alerte la direction au sujet du manque de personnels dans quasi tous les services et sur le manque de lits. Elle réclame que la direction embauche et forme massivement. Cela fait des mois que les patients attendent des heures aux urgences qu’un lit soit disponible et c’est insupportable. Les épidémies saisonnières (bronchiolites, grippes…) qui ne sont pas des nouveautés, car elles ont lieu tous les ans, aggravent la situation. », indique le syndicat dans un communiqué.
« Alors que des dizaines de lits sont fermés faute de personnels, la direction annonce l’ouverture d’une unité de 11 lits pour réguler le flux de patients aux urgences. Ces 11 lits ne suffiront pas à compenser les dizaines de lits fermés. Derrière ce plan blanc annoncé se cache le problème permanent du manque de personnels. Il faut faire toujours plus en étant moins nombreux ! Ce énième plan blanc va aggraver encore nos conditions de travail », s’inquiète la CGT.
De son côté, le syndicat Force Ouvrière demande « un plan massif de formations de médecins, infirmiers, la réouverture des lits fermés, l’arrêt du financement des hôpitaux par une enveloppe fermée et limitative, et enfin, dans une telle situation, parce qu’il manque du personnel dans tous les services et qu’on a besoin de tous les professionnels disponibles : la réintégration immédiate des personnels suspendus ».