Les élus du conseil municipal d’Angers ont décidé de voter en faveur de l’armement de la police municipale. Les premiers agents seront équipés d’armes létales dès la fin de l’année.
Les 68 policiers municipaux seront équipés d’armes de poing – © Archives Angers.Villactu.fr
Ce lundi 30 juin 2025, le conseil municipal devait décider si la police municipale pouvait être équipée d’armes à feu comme le souhaitait la majorité angevine. « L’ADN de la police municipale est et restera la proximité, a rappelé Jeanne Behre-Robinson, adjointe à la sécurité et à la prévention. Les phénomènes de délinquance restent modérés à Angers et inférieurs à ceux rencontrés au niveau national. Nous serions dans le déni si nous ne le prenions pas en compte. […] Si la mission du maintien de l’ordre n’est pas celle de la police municipale, c’est parfois lors d’interventions qui pourraient apparaître comme banales que les équipes doivent faire face à des situations qui peuvent mettre en danger les agents. Nous avons une préoccupation unique, celle de protéger ceux qui nous protègent ».
« Une mesure symbolique, précipitée et à forte portée électoraliste »
Pour le groupe d’opposition Demain Angers, Marielle Hamard (DVG), « il s’agit d’une mesure symbolique, précipitée et à forte portée électoraliste. Aucune discussion approfondie n’a eu lieu, ni avec les agents municipaux, ni avec les habitants, ni avec les associations de terrain ». Selon l’élue, « ce n’est pas une politique de sécurité, c’est une stratégie de communication. La police municipale est souvent perçue comme un acteur de sécurité, mais aussi comme un relai de lien social. Dans ce contexte, l’évolution de ses missions et de ses moyens, notamment en matière d’armement, peut, à tort ou à raison, modifier cette perception. […] Ce glissement modifie la nature même du lien entre la police municipale et la population. La grande majorité des interventions de la police municipale à Angers se déroulent dans le calme, sans mise en danger et concernent la tranquillité publique, le stationnement et les nuisances mineures. Le tableau alarmiste présenté ne reflète ni la réalité du terrain ni la typologie des interventions quotidiennes ».
Attendre les prochaines élections municipales
Rachel Capron (DVG-Demain Angers) reconnaît de son côté que les policiers doivent faire face à des situations qui les mettent en danger. « Le problème vient du fait que nos agents se voient confier de nouvelles missions qui les conduisent à affronter des situations dangereuses. Nous souhaitons une réflexion plus large en lien avec les propositions du gouvernement ». Pour les élus d’opposition, voter cette délibération est « prématurée » et proposent « de prendre le temps du débat et de patienter après les prochaines élections municipales ».
« L’unanimité des policiers municipaux m’a marqué »
« L’unanimité des policiers municipaux m’a marqué. Aucun syndicat ne s’est opposé à cette décision. À l’instar du dérèglement climatique, les premières victimes de l’insécurité sont les populations les plus défavorisées. Ce ne sont pas mes propos, mais ceux du maire de Bordeaux, Pierre Hurmic (EELV). Depuis que j’ai fait cette annonce (NDLR : décision d’équiper les policiers d’armes à feu), j’ai fait neuf réunions publiques. Je n’ai pas eu, sur les 2 681 personnes qui ont participé à ces réunions publiques depuis janvier, une seule personne qui ait pris la parole pour critiquer l’armement de la police municipale », a répondu le maire d’Angers, Christophe Béchu.
À la fin des débats, sans surprise, la délibération visant à équiper la police municipale d’armes létales a été adoptée avec 49 voix favorables. Les dix élus d’opposition ont voté contre.
Par Sylvain Réault.
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