Douze radios associatives assignent en justice la Région après une baisse des subventions
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Douze radios associatives assignent en justice la Région après une baisse des subventions

Dans les Pays de la Loire, douze radios associatives ont déposé un recours devant le tribunal administratif de Nantes pour dénoncer une baisse inattendue de leurs subventions régionales en 2024.

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Douze radios associatives ligériennes montent au créneau face à la Région. – © Adobe Stock

Douze radios associatives des Pays de la Loire ont saisi le tribunal administratif de Nantes pour contester une réduction des subventions qui leur étaient initialement promises par le Conseil régional pour l’année 2024. Il s’agit de L’Autre radio, Radio G, Radio Fidélité, Jet, Neptune Fm, Eu ! Radio, AlterNantes, Prun, SUN, Radio Campus Angers et Jade Fm.

Elles accusent le Conseil régional de ne pas avoir respecté ses engagements financiers, mettant en péril leur fonctionnement et leur rôle dans l’information de proximité.

« Trois fois moins d’aides »

À l’origine du recours, une décision votée le 7 février 2025 par la Région : celle-ci acte une baisse de près de 71 % des aides financières destinées aux radios associatives. « La Région Pays de la Loire aurait dû nous verser 6 550 euros en 2024. Finalement, nous avons reçu 2 119 euros. C’est presque trois fois moins que prévu, déplore Marion Bastit, chargée d’éducation aux médias à Radio Campus Angers. On savait que la Région se désengageait pour 2025, mais ne pas respecter ses engagements pour 2024, c’est un coup de grâce pour les médias », poursuit-elle.

Depuis 2010, le soutien régional repose sur un règlement d’intervention (R.23-315), qui fixe des modalités claires : une part forfaitaire de 2 000 euros par radio, et une part variable équivalente à 27 à 30 % du montant du FSER (Fonds de soutien à l’expression radiophonique).

« Or, en 2024, le Conseil régional n’a pas voté ces aides lors de la commission de novembre, alors que les financements étaient prévus. Après des échanges avec les radios, la Région s’est engagée à un rattrapage en 2025. Mais, contre toute attente, lors du vote du 7 février 2025, la Région a décidé de modifier arbitrairement les règles et de diviser les aides par trois », indiquent les radios associatives dans un communiqué commun.

Désormais, la part forfaitaire est fixée à 667 euros par radio, et la part variable à 7,8 % du FSER. « La somme globale attribuée s’élève à 66 668 euros, contre les 232 500 euros initialement attendus », poursuivent-elles.

Une fragilisation des médias

Pour les radios, cette décision constitue une rupture du contrat moral et réglementaire. Un premier recours gracieux, déposé en avril 2025, a été rejeté par la collectivité. Dans sa réponse, la Région affirme que « les subventions peuvent être retirées en fonction des priorités budgétaires », suscitant l’incompréhension des plaignants. « Ce soutien ne peut être réduit à une simple ligne budgétaire », rappellent les signataires du recours, évoquant un « enjeu démocratique et social majeur ».

« En supprimant leurs financements, la Région Pays de Loire met en péril des médias indépendants, souvent spécialisés, participant au déploiement de l’éducation populaire et de l’éducation aux médias, alors même que ces enjeux liés à l’information et aux liens sociaux n’ont jamais été aussi indispensables. Ces décisions ubuesques ont un impact réel sur le quotidien des radios associatives », précisent les radios.

Les conséquences se font déjà sentir : licenciements, diminution des actions de médiation et d’éducation aux médias, suppression de projets culturels ou encore matériel non renouvelé. Certaines antennes présentent un bilan 2024 déficitaire, alors même que leurs actions ont été menées conformément aux attentes régionales.

« Au sein de Radio Campus Angers, un poste doit désormais passer de 35 à 24 h par semaine, des missions seront supprimées et notre équipe passera de trois à deux services civiques à la rédaction », ajoute Marion Bastit.

Les radios demandent aujourd’hui l’annulation de la délibération du 7 février, le respect des engagements pris pour 2024 et le versement intégral des 232 500 euros initialement prévus. Une audience est attendue dans les mois à venir.

Par Eline Vion.

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