Des agriculteurs installent un barrage filtrant près de l’A11 pour dénoncer la gestion de la crise sanitaire bovine
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Des agriculteurs installent un barrage filtrant près de l’A11 pour dénoncer la gestion de la crise sanitaire bovine

Un barrage filtrant est organisé par une soixantaine d’agriculteurs ce mardi 23 décembre 2025 à proximité de l’autoroute A11, à Beaucouzé, afin de dénoncer la politique sanitaire de l’État face à la dermatose nodulaire bovine et d’alerter les automobilistes sur leurs revendications.

Une dizaine de tracteurs sont positionnés au niveau de de l’échangeur 17 de l’A11. © – Angers.Villactu.fr

Une soixantaine d’agriculteurs sont présents ce mardi 23 décembre à proximité de l’échangeur 17 de l’autoroute A11, à Beaucouzé. À l’appel de la Confédération paysanne de Maine-et-Loire, les éleveurs ont mis en place un barrage filtrant afin d’alerter les automobilistes sur la politique sanitaire menée par l’État face à la dermatose nodulaire contagieuse bovine (DNC), une maladie virale touchant les bovins, non transmissible à l’homme.

Un barrage filtrant et non bloquant

Dès 6 h 30 ce matin, une dizaine de tracteurs ont été positionnés près du parking de covoiturage situé à la sortie Angers Ouest. Les manifestants, présents avec braseros et tracts, ont choisi une action non bloquante, laissant circuler les véhicules tout en provoquant quelques ralentissements aux abords du giratoire.

« On n’est pas là pour embêter les gens, insiste Tiphaine Joly, porte-parole de la Confédération paysanne en Maine-et-Loire. C’est un barrage filtrant et pas un blocage, en cette avant-veille de Noël. Il faut rester raccord avec les réalités de tout un chacun à l’approche de Noël ».

Cette mobilisation s’inscrit dans la continuité de plusieurs actions menées ces dernières semaines par le syndicat agricole. Les participants entendent dénoncer « l’abattage systématique des troupeaux dans lesquels un cas de dermatose nodulaire est détecté », précise la porte-parole.

Une stratégie jugée inefficace et disproportionnée par la Confédération paysanne : « Deux nouveaux foyers ont été déclarés dans le sud de la France ces dernières 72 heures. C’est bien la preuve que la politique sanitaire et les mesures mises en place ne fonctionnent pas », affirme Tiphaine Joly. Le syndicat réclame « une gestion plus humaine et moins violente de cette crise sanitaire ».

Des agriculteurs profitent du barrage filtrant pour distribuer des tracts aux automobilistes. © – Angers.Villactu.fr

« Je n’ai jamais autant aimé que l’on se fasse klaxonner »

En se positionnant volontairement à proximité d’un axe très fréquenté, les agriculteurs ont souhaité aller à la rencontre du grand public : « On souhaitait un peu moins manifester devant les organes de l’État et être un peu plus au contact de nos concitoyens, pour leur expliquer ce qui se passe », explique la porte-parole. Selon elle, cette démarche répond aussi à la circulation de nombreuses informations erronées. « On voit beaucoup de désinformation sur les réseaux sociaux à l’heure actuelle, donc c’est important de redonner une autre vérité », poursuit-elle.

Sur place, l’accueil des automobilistes est décrit comme largement favorable avec des klaxons et gestes de soutien qui ont ponctué la matinée. « Je n’ai jamais autant aimé que l’on se fasse klaxonner, nous les agriculteurs. Ça change des convois agricoles en période de moisson », sourit Tiphaine Joly. Elle évoque un soutien qui « fait chaud au cœur » et qui contribue à maintenir la mobilisation.

La Confédération paysanne replace cette crise sanitaire dans un contexte plus large, lié selon elle aux orientations européennes et aux accords de libre-échange comme celui sur le Mercosur. « La dermatose nodulaire est classée au niveau A en Europe, avec une volonté d’éradication. Mais ce n’est pas la réalité dans nos fermes », estime la porte-parole, qui pointe « la pression du commerce international et de l’agro-industrie » sur les décisions publiques.

Les agriculteurs s’opposent à l’abattage total des troupeaux en cas de détection de la DNC. © – Angers.Villactu.fr

Une mobilisation qui pourrait se prolonger en janvier

Si aucune action commune n’a pu être menée avec les autres syndicats agricoles du département, Tiphaine Joly souligne des convergences de fond, notamment avec la Coordination rurale. En revanche, elle se montre plus en retrait de la FNSEA, qu’elle décrit comme « cogestionnaire » de la politique agricole actuelle et « pas en adéquation avec la grande majorité du monde agricole ».

La mobilisation pourrait quant à elle évoluer dans les prochaines semaines : « On va en discuter tous ensemble », indique la porte-parole, évoquant la possibilité de futures actions plus ciblées, notamment envers « les prédateurs de la valeur » de la chaîne agroalimentaire. Pour l’heure, la Confédération paysanne affirme vouloir poursuivre la mobilisation tout en conservant une approche pacifique et en lien avec la population.

En fin de matinée, la circulation restait globalement fluide sur l’A11, malgré des ralentissements ponctuels autour du rond-point de l’échangeur. La mobilisation devrait se prolonger jusqu’aux alentours de 15 h 30 ce mardi 23 décembre.

Par Eline Vion.

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