Les élus de la majorité ont présenté, le lundi 13 octobre, les grandes lignes du futur projet d’aménagement qui trace les perspectives du territoire jusqu’en 2040. L’enjeu : concilier croissance démographique et économique avec la protection des ressources naturelles et la sobriété foncière.

Une extension de 50 hectares est envisagée pour la ZAC de l’Océane. – © Alter
Les élus de la majorité d’Angers Loire Métropole ont dévoilé, lors du conseil communautaire du lundi 13 octobre, les grandes orientations du futur projet d’aménagement et de développement durable (PADD) à l’horizon 2040. L’agglomération entend concilier croissance démographique et économique avec la protection de l’environnement, en divisant par deux la consommation d’espaces naturels. Une équation délicate, alors que la pression foncière reste forte sur les zones d’activités.
Un cadre fixé jusqu’en 2040
Dans les années à venir, la communauté urbaine devra réviser son Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUI). Ce document déterminera le cadre dans lequel le territoire sera aménagé entre 2028 et 2040. Sa construction passe par plusieurs étapes, dont le débat sur les orientations générales du PADD. Deux années d’enquêtes et de travaux ont été nécessaires pour formaliser ce document présenté lundi soir aux élus.
Les ambitions affichées sont multiples : préservation des sols et de la ressource en eau, protection de la biodiversité, dynamisme économique, maintien des équilibres territoriaux et réduction de l’empreinte carbone. Deux engagements chiffrés se détachent. La collectivité prévoit la production de 1 800 logements neufs par an et s’engage à ne pas consommer plus de 342 hectares d’espaces naturels, agricoles et forestiers, en conformité avec la loi ZAN (Zéro Artificialisation Nette).
Des équilibres délicats à trouver
La sobriété foncière soulève des interrogations parmi les élus. « Est-ce qu’il n’y aura pas parfois une antinomie entre les différentes ambitions ? Il y a là un jeu d’équilibriste très fort », a relevé Dominique Bréjeon, maire de Saint-Barthélemy-d’Anjou. Tous ont rappelé la nécessité de répondre aux attentes des territoires tout en anticipant les évolutions à long terme.
De son côté, Sébastien Boussion, adjoint au maire de Trélazé, a plaidé pour la transformation du parc des Ardoisières en zone d’accélération des énergies renouvelables, en cohérence avec le PADD. « La sobriété ce n’est pas la stagnation », a-t-il souligné, appelant à un « accompagnement fort de l’Agglo » pour « transformer cet héritage du passé en source d’avenir ».
Un « pacte de solidarité entre les générations »
Pour Philippe Abellard, maire du Plessis-Grammoire, l’objectif de non-artificialisation doit être vécu « comme une opportunité et non une contrainte ». Ce PADD, a-t-il affirmé, est « avant tout un pacte de solidarité entre les générations ».
Du côté des élus écologistes, Elsa Richard a salué les intentions du document tout en pointant « une absence de trajectoire concrète et d’indicateurs », ainsi qu’un « manque de concertation avec la population ».
« Cela reste un document d’orientation. On va continuer à regarder comment on décline tout ça, secteur par secteur avec des règles précises », a répondu Roch Brancour, vice-président d’Angers Loire Métropole.
En conclusion, Christophe Béchu a insisté sur le choix de graver dans le PADD les principes de la loi ZAN « telle qu’elle existe aujourd’hui en droit », alors qu’elle est contestée à l’échelle nationale. « Nous sommes tous d’accord pour dire qu’on veut continuer à se développer, mais on le fera en divisant par deux les surfaces consommées », a affirmé le président de l’agglomération.
Des zones d’activités sous tension foncière
Dans le même temps, la collectivité a présenté le bilan des zones d’aménagement concerté (ZAC) à vocation économique. Vingt-quatre zones existent aujourd’hui dans l’agglomération. Elles ont accueilli en majorité des entreprises locales, même si les demandes d’installation ont diminué depuis trois ans. « Il reste des petites surfaces qui ne permettent pas d’installer de grands projets économiques pour le moment », a indiqué Yves Gidouin, vice-président de l’agglomération et président d’Angers Loire Développement.
Au total, 48 hectares sont encore disponibles sur 22 concessions. Les réserves foncières sont concentrées sur quelques sites : 17 hectares à Saint-Léger-de-Linière dans le parc d’activité Angers/Atlantique, 11 hectares sur la ZAC du Buisson, 9 hectares à Moulin-Marcille aux Ponts-de-Cé et 8,7 hectares à Loire-Authion.
Des extensions envisagées
Pour répondre aux besoins futurs, plusieurs projets d’extension sont prévus, notamment à Mûrs-Erigné (3,2 hectares supplémentaires dans la ZAC de l’Églantier). Le dossier le plus important concerne toutefois la ZAC de l’Océane, située en bordure de l’A11. Une extension de 50 hectares y est envisagée. « C’est une zone sur laquelle on mise », a fait savoir Christophe Béchu.
Cette perspective a toutefois soulevé des critiques, notamment de Yves Aurégan (Demain Angers), qui a rappelé la « destruction de 4 hectares de zones humides » lors des précédentes phases et interrogé la collectivité sur les compensations prévues.
Des friches industrielles difficiles à mobiliser
L’exploitation des friches industrielles apparaît comme une alternative, mais elle reste limitée. Certaines, comme la friche Thomson (13 hectares), sont situées en cœur de ville. « Toutes les activités ne peuvent s’y mettre. Il y a aussi une pollution des sols », a souligné Christophe Béchu.
Entre 2014 et 2024, 18 000 emplois ont été créés sur le territoire. La métropole rappelle qu’elle a déjà dû refuser certaines implantations faute d’espace disponible.
Par Eline Vion.
Suivez toute l’actualité locale en vous abonnant à nos newsletters.