À Angers, les Restos du Cœur sont au quotidien au plus près des personnes en situation de grande précarité. Trois fois par semaine, le RestoBus s’installe dans le centre d’Angers pour aider les plus démunis, dont le nombre ne cesse de grimper.

Le RestoBus accueille de plus en plus de personnes en situation de grande précarité – © Angers.Villactu.fr
Dans son 30ᵉ rapport annuel sur l’état du mal-logement publié en début d’année, la Fondation pour le Logement des défavorisés (anciennement Fondation Abbé-Pierre) estimait qu’il y avait au moins 350 000 personnes sans domicile en France. Un triste record. « En 2012, ils étaient 143 000. Leur nombre a plus que doublé. Une telle hausse, en si peu de temps, devrait provoquer l’effet d’un électrochoc de la part du gouvernement et plus largement de la société toute entière » s’indignait Christophe Robert, délégué général de la Fondation.
Une situation alarmante qui se constate partout à travers le pays. À Angers, en complément de leurs nombreuses actions, les Restos du Cœur vont trois fois par semaine, avec le RestoBus, à la rencontre des personnes en situation de très grande précarité. Les lundis, mercredis, et vendredis, les bénévoles s’arrêtent en début de soirée place La Rochefoucauld ou place François Mitterrand, puis un peu plus tard à la gare routière.
Une forte hausse du nombre de repas distribués
« Pour certain, c’est le seul repas chaud de la journée, voire de la semaine », souligne Alain Hasse, secrétaire départemental des Restos du cœur. Il y a cinq ans, un peu plus de 9 000 repas chauds étaient distribués au RestoBus. Entre le 1er mai 2023 et le 30 avril 2024, ce chiffre a dépassé la barre des 15 000. « C’est un accueil inconditionnel. Ce sont aussi bien des gens qui travaillent que des retraités, des migrants, ou des personnes qui vivent à la rue depuis longtemps », poursuit Alain Hasse. Des vêtements chauds et des produits d’hygiène sont aussi remis à ceux qui en ont besoin.
« Personne n’est à l’abri de se retrouver un jour à la rue »

De 60 à 160 repas sont distribués chaque soir – © Angers.Villactu.fr
Ce vendredi du mois d’avril, ils sont une nouvelle fois très nombreux à attendre l’arrivée du RestoBus à la gare routière. Après avoir perdu son travail, Brice*, 41 ans, s’est retrouvé à la rue en octobre dernier. Il vit entre le parking Fleur d’Eau la nuit et les rues du centre-ville où il fait la manche la journée. « J’appelle régulièrement le 115 pour dormir, mais les places sont rares », explique celui qui vient de Saumur. À quelques mètres, Pierre* n’a pas encore ses habitudes au RestoBus. Une histoire familiale compliquée a poussé cet intermittent du spectacle à la rue du jour au lendemain. « Je viens au RestoBus trois fois par semaine. Ce n’est pas simple, il y a un sentiment de honte. Je ne me vois pas faire la manche, j’espère faire les saisons prochainement », raconte le jeune homme pour qui le regard des gens n’est pas toujours évident à gérer. « Il y a de multiples raisons qui peuvent amener quelqu’un à la rue. Personne n’est à l’abri, cela peut arriver à n’importe qui ».
« Un cercle vicieux »
Assis à la même table, Jules* et François* partagent le repas du soir. À 40 ans, Jules a connu la rue dès son plus jeune âge. Arrivé il y a peu à Angers, il vit devant la gare. Coincé dans les méandres de l’administration, il ne peut, à l’heure actuelle, ni bénéficier du RSA ni d’une protection sociale. « C’est psychologiquement très difficile. Les agences d’interim ne veulent pas faire confiance à quelqu’un qui vit à la rue. C’est un cercle vicieux », regrette-t-il.
Son voisin de table, François, a quant à lui un logement. Avec deux enfants à charge, sa retraite de 1 400 euros ne suffit pas pour joindre les deux bouts. « Le RestoBus aide à finir le mois. Entre le loyer et l’inflation, ce n’est pas possible d’y arriver seul », soupire le retraité.
Karina est bénévole aux Restos du Cœur depuis onze ans. Comme chaque soir, elle s’active pour essayer de répondre aux nombreux besoins. « Depuis le Covid, il y a de plus en plus de monde. Ils sont également plus nombreux à avoir des troubles psychologiques », constate-t-elle.
Plus de 15 000 repas servis à la halte de nuit
Les Restos du Cœur de Maine-et-Loire interviennent également à la halte de nuit. Située non loin du centre commercial Espace Anjou, ce lieu géré par l’association l’Abri de la Providence dispose de 61 places réservées aux sans-abri. Des bénévoles et des volontaires en service civique y apportent chaque matin des petits-déjeuners et des repas chauds le soir. Entre le 1er mai 2023 et le 30 avril 2024, ce ne sont pas moins de 3 187 petits-déjeuners et 15 071 repas du soir qui ont été servis par les Restos du Cœur à la halte de nuit.
* Prénoms d’emprunt
Par Sylvain Réault.
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