Les policiers municipaux d’Angers bientôt équipés d’armes létales ?
Actualités

Les policiers municipaux d’Angers bientôt équipés d’armes létales ?

Ce lundi 30 juin, le conseil municipal devrait valider l’armement de la police municipale angevine. Les policiers de nuit seront les premiers concernés dès la fin de cette année.

La police municipale sera équipée d’une arme létale à la fin de cette année – © Archives Angers.Villactu.fr

La majorité du maire d’Angers Christophe Béchu a décidé de doter la police municipale d’armes létales. Le sujet sera sur la table du prochain conseil municipal qui se tient ce lundi 30 juin. « Notre position, jusqu’à maintenant, était de considérer que la police municipale n’avait pas vocation à être armée. Toutefois, notre responsabilité est d’ajuster nos dispositifs de protection à la réalité de la situation », souligne le maire d’Angers.

Ces dix dernières années, les policiers municipaux angevins ont été équipés de pistolets à impulsion électrique, et depuis 2021, de lanceurs de balles de défense. « Nous avons également développé la vidéoprotection. À chaque réunion publique, des habitants me demandent d’en installer de nouvelles. Cela permet d’élucider de nombreux faits et de retrouver des auteurs de crimes », poursuit Christophe Béchu.

« Nous constatons une augmentation des délits avec violence »

La nouvelle étape consistera donc par l’arrivée d’armes létales au sein de la police municipale. « Même si les actes non violents restent stables, nous constatons une augmentation des délits avec violence, notamment avec des armes. Des faits ont marqué les angevins comme les policiers. Nous prenons cette décision en conscience. Je le redis, je ne laisserai pas Angers devenir comme Nantes. Je ne vais pas attendre le crime de trop », ajoute le maire de la ville.

Depuis le début de l’année, une réflexion est menée en lien avec les acteurs concernés. Des échanges ont eu lieu avec les organisations syndicales, les policiers municipaux et la minorité. « Il y a une unanimité au sein des policiers municipaux. Aucun syndicat ne s’est opposé à l’armement », note le premier édile.

« L’ADN de la police municipale reste la proximité »

« L’ADN de la police municipale reste la proximité. Nous n’allons pas vers une évolution des missions. Il s’agit de prendre en compte le contexte dans lequel ils évoluent. Ils doivent parfois faire face à des personnes armées », complète Jeanne Behre-Robinson, adjointe à la sécurité et à la prévention.

Pour équiper les 68 policiers municipaux d’une arme à feu, la Ville va dépenser 300 000 euros, comprenant la visite médicale, la formation, l’achat des armes et d’une armurerie. Les policiers patrouillant de nuit seront équipés dès la fin de cette année. Le reste des effectifs sera armé à partir de 2026. « Près de 90 % des agents ont déjà été armés. Ils ont par le passé été gendarmes, policiers nationaux ou militaires », indique Jeanne Behre-Robinson.

« Une décision précipitée, non concertée et électoraliste »

Avec 49 voix sur 59, il ne fait pas de doute que cette décision de la majorité sera actée lors du conseil municipal. Toutefois, le groupe d’opposition Demain Angers affirme dans un communiqué de presse « s’opposer à cette décision en votant contre ».

« Nous considérons que cette décision est précipitée, non concertée et électoraliste. De plus, elle ne répond pas aux enjeux réels de sécurité publique à Angers. Cette décision s’appuie sur une demande formulée par un syndicat professionnel à l’été 2024. Depuis, aucune discussion de fond n’a eu lieu avec les habitants, les associations de terrain, les professionnels de la prévention, ni même avec les agents municipaux dans leur diversité. Le maire avait promis un débat public. Il n’a pas eu lieu. Une réunion d’une heure avec l’opposition et une consultation interne du service concerné ne peuvent se substituer à une véritable concertation démocratique sur un sujet aussi important. Après les tasers, les LBD, les caméras piétons, l’arme de poing symbolise une rupture : celle d’une police de proximité qui devient progressivement une police d’intervention. Ce glissement soulève une question essentielle : quel type de lien voulons-nous entre la police municipale et la population ? Nous croyons à une présence humaine, visible, de proximité, non menaçante. Oui, certains faits de délinquance augmentent, notamment la délinquance économique et financière, les agressions sexuelles et les violences intrafamiliales. Mais ce sont des situations qui ne relèvent pas d’une intervention armée de la police municipale. Voter cette délibération aujourd’hui, c’est faire le choix d’une réponse spectaculaire à des enjeux complexes. C’est éviter de s’interroger sur les véritables causes de l’insécurité, sur la désagrégation du lien social, sur le recul des moyens alloués à la prévention », indiquent les élus de la minorité.

Par Sylvain Réault.

Suivez toute l’actualité d’Angers sur la chaîne WhatsApp d’Angers Villactu.