Sept associations des secteurs de la solidarité et de l’insertion sociale de Maine-et-Loire dénoncent un « effondrement » des subventions publiques qui leurs étaient allouées, passant alors de 305 000 à 55 000 euros.

Sept associations de la solidarité montent au créneau face à une baisse drastique des subventions de l’État. – © Angers.Villactu.fr
La décision est tombée à la fin du mois de mai, de manière « brutale », comme un « tsunami », selon les mots répétés lors de la conférence de presse du 25 juin organisée dans les locaux du Secours populaire à Angers. Sept associations engagées dans la lutte contre la précarité alimentaire dans le département ont dénoncé un effondrement sans précédent des subventions de l’État. Parmi elles, on retrouve la Fédération des acteurs de la solidarité, les Restos du Cœur, France Terre d’Asile, le Resto-Troc, l’Abri de la Providence, le Jardin de Cocagne angevin, ainsi que le Secours Populaire.
En cause, la réduction de 82 % du Budget opérationnel de programme (BOP) 304, géré par le ministère des Solidarités et de la Famille, et destiné à financer les politiques d’inclusion sociale et de protection des personnes. Alors que les structures bénéficiaient encore en 2024 de 305 000 euros d’aides, le montant alloué pour l’année 2025 chute à 55 000 euros.
Une annonce incomprise face à des besoins croissants
Pour les responsables associatifs, cette décision s’inscrit en contradiction totale avec l’augmentation des demandes d’aide alimentaire. « On n’enlève pas le pain de la bouche des affamés. C’est dramatique », s’indigne Bruno André, président de Resto Troc. Ludovic Cadeau, secrétaire général du Secours populaire pour le Maine-et-Loire, confirme une montée en flèche des sollicitations, « même dans les zones rurales, qui étaient jusque-là plutôt épargnées ».
Selon les chiffres communiqués, la seule permanence du Secours populaire à Angers enregistre quarante nouvelles demandes par semaine. Pour seulement sept places disponibles.
Les associations s’accordent sur un point : la décision intervient à un moment particulièrement mal choisi. « On va devoir changer notre fusil d’épaule », constate Bruno André, alors que les budgets pour l’année ont déjà été votés, les commandes passées, et certaines actions entamées.
Les conséquences concrètes sont immédiates. À Beaucouzé, le Resto Troc livre quotidiennement 80 repas aux résidents d’un hôtel social. Ce service est intégralement financé par le BOP 304. Les Restos du cœur, eux, redoutent de devoir mettre un terme à la distribution de repas chauds dans une halte de nuit d’Angers, ainsi qu’à plusieurs actions en faveur des étudiants précaires.

La baisse des subventions intervient alors que la précarité augmente dans le Maine-et-Loire. – © Angers.Villactu.fr
Des effets en cascade sur l’ensemble du réseau solidaire
Certaines structures, bien que non directement financées par le programme amputé, subissent déjà les conséquences indirectes. C’est le cas du Jardin de Cocagne angevin, ou de SOLAAL, qui organise les collectes de dons agricoles. « Notre rôle est d’organiser la collecte, mais nous avons besoin des associations qui distribuent ensuite aux bénéficiaires. Comme elles sont directement touchées par cette mesure, nous le sommes aussi », explique Laurent Lelore, de l’association SOLAAL.
Le président de Resto Troc, Guillaume Mahaza, s’inquiète également : « On pouvait s’attendre à des coupes budgétaires, mais pas dans ce domaine, et encore moins de cette importance. » Un avis partagé par Ludovic Cadeau, qui alerte : « Ces personnes que l’on aide, on les retrouvera à la rue. »
Face à l’urgence, les associations appellent à la solidarité des particuliers, à travers les dons alimentaires et les soutiens financiers : « Les collectes nationales dans les supermarchés fonctionnent de moins en moins, et certaines applications ou rayons de magasins proposent à la vente des produits à date courte qui sont des denrées qui nous revenaient auparavant. À cela, on ajoute une baisse des subventions publiques. Pour nous, c’est un cataclysme », se désole le secrétaire général du Secours populaire pour le Maine-et-Loire.
Si aucune solution n’est rapidement trouvée, nombre d’actions de terrain pourraient être supprimées dès les prochaines semaines, au moment même où les besoins n’ont jamais été aussi criants. « Nous allons nous organiser pour maintenir au maximum nos activités, mais nous attendons que l’État fasse quelque chose », implore Ludovic Cadeau.
Par Eline Vion.
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