Les deux institutions résidentes du Quai, le Centre dramatique national (CDN) et le Centre national de danse contemporaine (CNDC), annoncent une saison 2025 – 2026 qui conjugue ambitions artistiques et adaptation économique.

Le Quai organise une grande soirée d’ouverture – © Le Quai – CDN
Réduction des subventions, programmation en baisse mais fréquentation en hausse… Malgré un contexte budgétaire difficile, la saison culturelle 2025 – 2026 du Quai à Angers s’affirme comme un manifeste de résilience. Le Centre dramatique national (CDN) et le Centre national de danse contemporaine (CNDC), les deux piliers de cet établissement public de coopération culturelle, ont présenté mardi 24 juin une programmation resserrée mais revendiquée, marquée par une volonté commune de maintenir la qualité artistique.
Moins de moyens, autant d’engagement
Les chiffres témoignent du recul : 132 représentations prévues contre 192 la saison précédente pour le CDN, 30 au lieu de 43 pour le CNDC. Les baisses de subventions, notamment de la part de la Région des Pays de la Loire, ont imposé ces arbitrages. « C’est 200 000 euros en moins, soit 20 % du disponible artistique », explique Jacques Peigné, codirecteur du CDN. Marion Colléter, codirectrice du CNDC, complète : « Pour nous, c’est l’intégralité de notre disponible artistique, soit 130 000 euros. »
Cette contraction de l’offre n’empêche pas les deux directions de défendre une programmation exigeante. « Il y a de la résilience, admet Marion Colléter. Mais toujours de la résistance, qui passe par les choix artistiques que l’on fait. » Un mot d’ordre partagé par Noé Soulier, son collègue chorégraphe et codirecteur, qui alerte : « 30 % de spectacles en moins, c’est 30 % de diversité culturelle en moins. Et c’est cumulatif avec tous les lieux culturels d’Angers. »
Une ouverture sous le signe de la création
La saison s’ouvrira le 30 septembre par une soirée festive au Quai mêlant visites du théâtre, répétitions ouvertes, performances du collectif Terrain et dance floor avec le Contre Club. Le CDN, qui revient à un système d’abonnements, propose cette année cinq spectacles dans ce cadre, dont une création majeure : Songe, relecture du Songe d’une nuit d’été de Shakespeare.
Elle sera portée par l’Académie européenne-Angers, nouveau dispositif post-école réunissant une dizaine de jeunes artistes internationaux. « C’est la première fois que je mets en scène Shakespeare, et avec une nouvelle traduction. Cette création, je la veux comme un geste fédérateur », précise Marcial Di Fonzo Bo, directeur artistique du CDN.

De gauche à droite : Marcial Di Fonzo Bo, Jacques Peigné, Marion Colléter et Noé Soullier. – © Archives – Angers.Villactu.fr
Figures majeures et écritures contemporaines
La saison sera marquée par des noms reconnus et des voix singulières, avec notamment Virginie Despentes qui présentera Woke, fresque poétique et radicale, mêlant rap, drag et cinéma (7 et 8 octobre). Christophe Honoré revisitera Madame Bovary avec Ludivine Sagnier dans le rôle-titre, dans une création associée au festival Premiers Plans (30 – 31 janvier). Vincent Dedienne, lui, fera entendre les mots de Jean-Luc Lagarce dans Il ne m’est jamais rien arrivé (12 janvier).
Trois grandes figures du théâtre scandinave seront également à l’affiche : Et jamais nous ne serons séparés de Jon Fosse (18 – 19 novembre), Hedda d’Ibsen (10-11 décembre), et L’art de la chute de Sara Stridsberg (26 – 28 novembre). Le CDN accueillera aussi des artistes locaux comme Annabelle Sergent et Nathalie Béasse, ou encore la rappeuse Casey, ainsi que l’orchestre arabo-andalou d’Angers.

La Chica, et le pianiste Marino Palma, dit El Duende, accompagnés par un orchestre seront au Quai le 17 octobre 2025. – © Raphaelle Mueller
Le CNDC garde le cap
Malgré une programmation réduite, le CNDC maintient une saison dense. Emmanuelle Huynh, Faustin Linyekula, Maguy Marin ou encore Lia Rodrigues y côtoieront de jeunes créateurs comme Léa Vinette ou Benoît Canteteau. Le festival Conversations, du 12 au 28 mars, constituera un temps fort, avec la présence de Lucinda Childs, Mette Ingvartsen ou encore Noé Soulier lui-même, avec Les Vagues.
Pour clôturer la saison, le CNDC proposera également « Générations CNDC » du jeudi 11 au dimanche 14 juin 2026, où 650 danseurs formés en leur sein depuis 1978 se retrouveront autour de performances, spectacles, conférences dansées et ateliers pratiques.

Le spectacle unedansecontinue d’Emmanuelle Huynh est à découvrir les 4 et 5 novembre 2025 au Quai. – © Ronan Muller
Un modèle à réinventer
Face à l’érosion des financements publics, la question de la soutenabilité du modèle devient centrale. « Pour l’instant, on tient avec le même tarif pour les billets, mais il va falloir réfléchir à d’autres recettes, dont le mécénat », avance Jacques Peigné. Le Quai travaille également à de nouvelles coopérations, au sein d’un réseau régional baptisé Solstice. « C’est un projet pour faire venir des artistes étrangers et diffuser en Europe », détaille Marcial Di Fonzo Bo. Ce label est porté conjointement avec le Lieu Unique, le Centre chorégraphique national et le Mixt à Nantes.
En 2024 – 2025, Le Quai a connu une hausse de fréquentation de 11 %, avec un taux de remplissage frôlant les 90 %. Les équipes veulent croire que ce lien avec le public, renforcé par des actions comme la garde d’enfants le mardi soir ou les rencontres avec les artistes, sera une réponse à l’adversité.
« On continue de faire, avec moins. Mais on fait. Et on reste debout », résume Marcial Di Fonzo Bo.
La programmation complète et la billetterie sont à retrouver sur les sites internet du CDN et du CNDC.
Par Eline Vion.
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