Installée à Angers depuis deux ans, Laura Chaponot exerce un métier rare, celui de restauratrice d’objets en céramique. Entre gestes techniques et respect des matériaux, elle redonne forme à des pièces parfois très abîmées, sans en effacer l’histoire.

Laura Chaponot s’est installée à Angers pour exercer son activité, celle de restauratrice d’objets en céramique. – © Angers.Villactu.fr
Dans l’atelier qu’elle partage avec d’autres artisans au sein du tiers-lieu Pépina, à Angers, Laura Chaponot travaille sur son établi où des pièces en céramiques racontent leurs histoires.
« Je veux permettre aux objets de retrouver leur beauté d’antan et prolonger leur vie sans trahir leur histoire », affirme-t-elle. Ce respect de l’authenticité guide l’ensemble de sa pratique. À 34 ans, Laura Chaponot exerce un métier peu commun, celui de restauratrice d’objets en céramique. Terre cuite, biscuit, grès, porcelaine ou faïence… elle traite toutes les variantes de l’argile.
Souvent méconnu du grand public, le métier de restaurateur d’objets d’art demande une maîtrise technique, une culture artistique et une capacité à « ne pas en faire trop », selon ses mots. Laura Chaponot en a fait un art de vivre : « Chaque objet est unique. Il faut s’adapter, réfléchir, et surtout ne jamais oublier qu’on ne crée pas, on restaure. On est là pour servir l’œuvre, pas pour s’y substituer. »
De Paris à Angers
Son parcours a commencé bien avant les études. Enfant, elle passe régulièrement devant un atelier de restauration dans le 18ème arrondissement de Paris : « Je regardais les artisans travailler les teintes et les textures. J’étais comme médusée », décrit-elle. Le déclic survient au lycée, lors d’un stage dans cet atelier. Elle choisit alors d’intégrer l’école de Condé, établissement privé spécialisé, pour cinq années de formation exigeante.
À l’issue de son diplôme en 2015, elle s’installe d’abord à Paris, où elle travaille de chez elle puis dans un atelier partagé à Vincennes. Rapidement, elle se fait une place parmi les marchands des Puces de Saint-Ouen : « Je passais tous les week-ends à les démarcher. Au bout de deux ans, la confiance s’est installée ».
Mais au fil du temps, la vie parisienne l’épuise. Elle cherche ailleurs et le choix se portera finalement sur Angers, « une ville qui remplit toutes les conditions, notamment sa proximité avec Paris, indispensable car 95 % de ma clientèle est encore parisienne ». Grâce à des amis installés dans la région, elle découvre le lieu partagé Pépina, qui correspond à sa vision : « Je voulais un espace de travail collectif, avec d’autres métiers, une sorte de bouillonnement artisanal. Ici, j’ai trouvé tout ça sans avoir à tout monter moi-même ».

Depuis son atelier au sein de Pépina, Laura Chaponot restaure toute sorte de céramiques. – © Angers.Villactu.fr
« Mieux vaut avoir les nerfs solides »
Depuis son installation, Laura Chaponot poursuit son travail artisanal avec une haute exigence, où chaque restauration est un défi technique. « Parfois, c’est un véritable puzzle. Cela demande beaucoup de patience et je dirais même de persévérance. Mieux vaut avoir les nerfs solides », sourit-elle. Certaines pièces portent les traces de réparations anciennes, des marques qu’elle refuse de gommer : « Elles donnent une consistance, un charme à l’objet. Ce n’est pas esthétique au sens strict, mais c’est leur histoire ».
Si elle continue à travailler pour des antiquaires, la restauratrice aspire à diversifier sa clientèle. « Les marchands, c’est du travail régulier, mais ça reste très rationnel. Ce qui me touche le plus, ce sont les particuliers et les pièces de cœur ». Elle se souvient d’une dame venue restaurer une simple tasse en porcelaine : « C’était le dernier souvenir d’un proche. Quand je lui ai rendu l’objet, j’ai vu l’émotion dans ses yeux. C’est pour ces moments-là que je fais ce métier ».
Ce lien émotionnel, elle aimerait le cultiver davantage. À terme, Laura souhaiterait proposer des ateliers autour du kintsugi, une technique japonaise de réparation qui valorise les fêlures au lieu de les dissimuler. « C’est une forme de poésie. Et ce serait aussi une manière de sensibiliser le public à la beauté du geste artisanal », explique-t-elle.
En attendant, elle continue d’alterner les phases de travail selon un cycle précis : réception, nettoyage, collage, masticage, peinture. « La dernière semaine, c’est la plus stressante : c’est là que tout peut rater », indique Laura Chaponot. Son ambition : rendre la réparation invisible, sans jamais effacer l’âme de l’objet.
Par Eline Vion.
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