Politique

Face au maire, l’opposition décide de se taire

Le conseil municipal de lundi dernier fut quelque peu agité. Répondant aux remarques de l’opposition sur le rapport sur la pauvreté, le maire s’est adressé à la minorité : « Les Angevins ne vous ont pas choisis. Vous êtes dans l’opposition. Je trouve facile toutes vos considérations, très politiciennes et démagogues. C’est simple de dire aux gens qu’ils payent trop cher de loyer. Ce sont des coups de mentons qui laissent la place à tous les extrémismes ».

Les membres de l’opposition ont alors décidé de ne plus intervenir pendant le conseil municipal. Laurent Gérault, conseiller municipal à la Ville d’Angers et conseiller régional des Pays de la Loire a réagit hier :

« Lors du dernier Conseil Municipal et à la suite d’une intervention de la minorité relative à la dégradation de la situation sociale de notre Ville, le Maire d’Angers a répliqué par une salve de propos outranciers en cherchant à attaquer les personnes, plutôt qu’à argumenter et à analyser sur le fond.

Loin d’être une exception dans le climat actuel, cet épisode doit nous interpeller en tant qu’élus mais également en tant que citoyens sur la violence et la radicalisation croissante du discours politique dans notre pays.

Ce constat, que l’on retrouve à tous les échelons et sans distinction d’étiquettes, est pour le moins préoccupant. Dans un contexte de défiance vis-à-vis de la classe politique en général et de crise de la démocratie représentative, quelle place laissons-nous à l’intérêt général? Quel respect de la différence et des minorités accordons-nous ?

L’affrontement des idées et des projets, les désaccords et parfois les échanges vifs et houleux qui peuvent en découler sont garants de la vitalité démocratique et de l’apport de nouvelles idées. A l’inverse, insulter son adversaire politique, le qualifier comme le Maire d’Angers l’a fait, de « démagogue » ou de « populiste » est lourd de sens et renvoie à des réalités inacceptables pour des élus démocrates. Il traduit à mes yeux un affaiblissement des idées, un assèchement de la capacité à analyser et à alimenter la vision d’un vivre ensemble, respectueux de tous.

C’est pourquoi les élus de la minorité ont préféré ne plus prendre part au débat pour signifier qu’ils ne contribueraient pas à cette escalade de violence verbale, et qu’il ne voulait pas cautionner cette façon de faire de la politique.

La situation sociale d’Angers nous imposait de nous mettre d’accord sur le constat. Au lieu de cela, le Maire a choisi d’en faire un coup politicien, indigne de sa fonction de premier magistrat de la Ville. »