Covid-19 : l’étude menée par le CHU d’Angers sur l’hydroxychloroquine conclut à son inefficacité
Santé

Covid-19 : l’étude menée par le CHU d’Angers sur l’hydroxychloroquine conclut à son inefficacité

En mars dernier, le CHU d’Angers avait lancé une étude baptisée Hycovid, qui avait pour objectif d’évaluer l’efficacité de l’hydroxychloroquine dans le traitement de la Covid-19. Les résultats qui viennent d’être dévoilés ne démontre pas l’efficacité de cette molécule.

Professeur Vincent Dubée

Le professeur Vincent Dubée, à l’origine de cette étude. Villactu.fr

Lancée le 1er avril 2020 à l’initiative du CHU d’Angers, l’étude Hycovid, portée par le Pr Vincent Dubée, chef du service des maladies infectieuses et tropicales, vient de rendre son verdict. Le traitement à l’hydroxychloroquine n’a pas eu d’effet bénéfique par rapport au traitement habituel utilisé pour soigner les patients atteints du Covid-19 selon cette étude menée sur 250 patients.

« Dans cet essai incluant principalement des patients âgés présentant des formes légères à modérées de Covid-19, les patients traités par hydroxychloroquine n’ont pas connu de meilleurs résultats cliniques ou virologiques que les patients ayant reçu un placebo », explique le professeur Dubée.

Les 250 patients avaient une ou plusieurs caractéristique(s) associée(s) à un risque d’aggravation de la maladie : âgés de 75 ans ou plus, atteinte respiratoire nécessitant  de l’oxygène, ou présence de certaines comorbidités (obésité, diabète, hypertension artérielle…). Ils ont été répartis en deux groupes : l’un recevant de l’hydroxychloroquine et l’autre un placebo.

« Bien entendu, les patients ont continué à bénéficier, simultanément, des traitements qui leur étaient administrés », souligne le professeur Dubée.

« L’efficacité du traitement a été jugée en comparant le nombre de patients décédés ou transférés en réanimation en raison d’une aggravation respiratoire » dans chacun des deux groupes au cours des 14 jours suivant le début du traitement », explique-t-il.

Durant cette période, neuf patients ayant reçu de l’hydroxychloroquine sont décédés ou ont dû être intubés, tandis que huit l’ont été dans le groupe sous placebo. « La différence entre les deux groupes est très minime et n’est pas statistiquement significative, ce qui veut dire qu’elle peut être due au hasard », estime le spécialiste des maladies infectieuses et tropicales.

Une étude arrêtée précocement

A son lancement, le CHU d’Angers, qui a travaillé avec 48 établissements hospitaliers, en France et à Monaco, prévoyait d’inclure 1 300 patients atteints du Covid-19. Elle a finalement été arrêtée fin mai après une décision de l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) en raison de doutes sur la sécurité de l’hydroxychloroquine, après un article publié à ce sujet dans la revue scientifique The Lancet. Cependant, cet article avait « fait l’objet d’une rétractation, s’appuyant sur des données non fiables », rappelle le professeur Dubée.

« L’hydroxychloroquine s’avère donc inefficace dans le traitement de la Covid-19 chez les patients répondant aux critères de l’étude Hycovid. Enfin, concernant l’innocuité de la molécule, l’hydroxychloroquine ne semble pas présenter de dangerosité selon le dosage administré dans le cadre de l’étude. Les résultats d’Hycovid, répondant aux standards méthodologiques les plus élevés, vont donc dans le même sens que ceux observés dans d’autres essais cliniques conduits aux Etats-Unis, au Brésil ou en Espagne », concluent les auteurs de l’étude.

L’hydroxychloroquine toujours au cœur des débats

Les résultats de cette étude arrêtée prématurément ne mettront donc pas fin au débat sur l’efficacité de cette molécule dans le traitement de la Covid-19. Devenue l’objet d’un débat politique et scientifique clivant, l’efficacité de l’hydroxychloroquine est toujours vantée le professeur Didier Raoult.

Le scientifique marseillais, qui défend l’efficacité de l’hydroxychloroquine associée à l’azithromycine, vient de saisir la justice face au refus de Sanofi de lui délivrer le médicament en quantité suffisante pour soigner les patients de l’institut hospitalo-universitaire (IHU) de Marseille. Le 23 octobre, l’agence nationale du médicament, a refusé d’étendre temporaire l’utilisation du Plaquenil (hydroxychloroquine) à d’autres pathologies que celles pour lesquelles il a été agréé.

Une situation qui agace au plus au point Didier Raoult qui indiquait récemment dans une vidéo publiée sur Youtube qu’il y a « 160 études sur l’hydroxychloroquine. La conclusion c’est qu’il y en a 85 qui trouvent un effet positif à l’hydroxychloroquine, 30 qui trouvent un effet négatif et les autres qui ne montrent pas d’effet significatif. La somme de toutes ces données dit qu’il y a un bénéfice dans 64 % des cas où il y a un traitement précoce et dans 26 % des cas où il y a un traitement tardif ».