Confinement : les salles de sport se sentent « stigmatisées »
Economie, Sport-Loisirs

Confinement : les salles de sport se sentent « stigmatisées »

Comme les restaurants, bars ou encore cinémas, les salles de sport ne pourront pas rouvrir, au moins jusqu’au 20 janvier 2021. Si certains gérants veulent rouvrir dès le 4 janvier, d’autres réclament des aides supplémentaires pour tenir et dénoncent une stigmatisation.

Station Foch

Cyrille Porcher accompagné de Pauline, responsable commerciale à Station Foch. – Villactu.fr

Début décembre, la plupart des gérants de salles de sport de l’agglomération angevine se sont retrouvés pour une table ronde afin d’échanger sur les difficultés rencontrées à cause des deux périodes de fermetures administratives traversées cette année.

« Notre profession a compris que nous étions des lieux d’interactions sociales et que la stratégie de l’Etat est de limiter justement les contacts. Cependant, ce que nous n’admettons pas, c’est la stigmatisation. Pendant le premier confinement, notre secteur d’activité a été complètement ignoré, même par le ministère des Sports. Contrairement aux sport amateurs et professionnels, le sport marchand, qui concerne 7 millions de personnes, a été oublié. Fin septembre, toute la profession a été très choquée par une intervention du ministre de la Santé qui pointait du doigt les salles de sport en disant que c’était des lieux de contaminations importants. Ce qui n’est pas du tout démontré ! », s’agace Cyrille Porcher, gérant des salles de sport Station Foch et Physic Form.

Les professionnels ont enregistré 30 millions de passages dans leurs salles entre juin et septembre partout en France. « Il n’y a eu aucun cluster », affirme-t-il. Selon lui, les protocoles sanitaires stricts mis en place dans les salles de sport sont respectés et appliqués grâce aux personnels présents. « Une bonne partie de ces protocoles sont appliqués même en dehors du Covid. La traçabilité qui est si importante, elle se fait naturellement chez nous. Nous avons beaucoup d’informations sur nos clients puisqu’ils sont inscrits et que chaque passage est enregistré », poursuit Cyrille Porcher.

« Nous ne voulons plus être stigmatisés. Les mots ont leur importance ! », peste le chef d’entreprise.

Des mesures d’accompagnements jugées insuffisantes

A l’occasion de la table ronde, les « petites » structures se sont dites satisfaites des 10 000 euros d’aides perçues à l’occasion de ce deuxième confinement tandis que les 1 500 euros du printemps dernier étaient nettement insuffisants.

Cependant, pour les salles plus importantes, le dédommagement à hauteur de 20 % du chiffre d’affaire, ne sera pas suffisant pour tenir dans le temps. « Contrairement à certaines professions, nous ne pouvons pas tout fermer et disparaître le temps de la fermeture de nos établissements. Il y a du travail administratif pour répondre aux questions liées aux abonnements, mais également des cours à distance. Il faut aussi continuer à payer les licences, l’électricité, les loyers, les emprunts… », détaille Cyrille Porcher.

Une plainte d’indépendants a été déposée contre l’Etat pour « mise en danger des entreprises et des personnes ». Ils entendent également ouvrir coûte que coûte leur établissement dès le 4 janvier prochain. « J’ai adhéré à la plainte, mais l’ouverture précoce me paraît malvenue compte tenu de la situation sanitaire », ajoute Cyrille Porcher.

En attendant une réouverture dans quelques semaines, les gérants de salles de sport poursuivent les discussions afin de prévoir une communication commune, notamment pour les fêtes de fin d’année. Ils pourraient être aidés par la ville d’Angers, rencontrée le 18 novembre dernier, qui s’est dit ouverte à communiquer autour des bienfaits d’une pratique physique régulière, en proposant notamment des « chèques sport ».

De son côté, Cyrille Porcher se montre plutôt pessimiste pour une réouverture en janvier. « Notre activité est assez cyclique. Nos périodes clés sont septembre et janvier. Si nous manquons le mois de janvier, ça ne sera pas facile. Sans le soutien de nos clients, on n’y arrivera pas. Beaucoup de nos clients sont aussi dans la galère. Je comprends le client qui me demande la suspension de son abonnement ou celui qui ne peut payer que 50 % de sa mensualité. Je remercie tous les clients qui restent abonnés au club et nous apportent un soutien financier ».