Rififi autour des vélos en libre-service
Transport

Rififi autour des vélos en libre-service

Depuis ce jeudi, la ville d’Angers accueille Indigo Weel, un second opérateur de vélos en libre-service. Une nouvelle peu appréciée par Pony Bikes, une startup arrivée il y a seulement six mois dans la ville.

Indigo Weel

ANGERS.VILLACTU.FR

Après l’organisation en octobre dernier du World Electronics Forum à Angers, la startup londonienne Pony Bikes, créée par deux jeunes français, a lancé son système de vélo en libre-service payant dans les rues d’Angers. Après Oxford en Angleterre, elle a déployé une flotte de 500 vélos et plus de 3 500 Angevins en sont aujourd’hui des utilisateurs réguliers.

Ces vélos fonctionnent sans station, grâce à un cadenas connecté. Depuis une application téléchargée sur son smartphone, l’utilisateur peut géolocaliser la bicyclette disponible la plus proche et déverrouiller le cadenas magnétique qui bloque la roue arrière. A l’arrivée, le cycliste procède à la démarche inverse.

Depuis ce jeudi, un nouvel acteur du vélo en libre-service a fait son arrivée à Angers. Indigo Weel va proposer progressivement 450 vélos supplémentaires aux angevins. Face à la petite startup, le groupe Indigo (ex Vinci Park), numéro un mondial du stationnement, dispose de moyens conséquents. Déjà présent à Lyon, Toulouse, Metz, Tours et Bordeaux, Indigo Weel va s’attaquer aux villes de Nice et Grenoble dans les prochaines semaines. Pour s’imposer à Angers, l’entreprise Indigo présente à l’internationale entend pratiquer des prix légèrement plus bas que son concurrent.

Cette concurrence soudaine ne plaît guère à la startup londonienne ni même aux angevins. Sur les réseaux sociaux, un hashtag #touchepasamonpony rencontre un certain succès.

Pony Bikes

ANGERS.VILLACTU.FR

« Je souhaite que l’arrivée de ce second opérateur se traduise par une concurrence économique saine, qui respecte les intérêts des Angevins. La réussite de Pony Bikes et le choix d’Indigo Weel d’investir à Angers confirment la forte attente des Angevins en matière de modes de transport alternatifs », explique Bernard Dupré, Vice-président d’Angers Loire Métropole chargé des déplacements et des infrastructures de transport.

Un point de vue que ne partage pas les deux jeunes français à la tête de Pony Bikes qui parlent « d’écœurement vis-à-vis de la politique de Bernard Dupré. »

« Nous sommes dans l’incompréhension la plus totale concernant la décision de soutenir Indigo, en particulier au vu du succès de Pony à Angers et des fiascos qui ont eu lieu dans d’autres villes de France comme Lille, Reims ou Paris, explique les deux gérants de Pony Bike. Pony est une expérimentation en partenariat avec la ville d’Angers pour construire le système de free floating le plus performant au monde. Les résultats de cette expérimentation n’ont jamais été demandés par Monsieur Dupré, qui a annulé ou déclalé tous les rendez-vous prévus avec Pony. »

« Ce modèle est encore fragile. Nous aurions aimé le renforcer avant de le lancer dans un milieu concurrentiel. Cette sortie officielle de la phase d’expérimentation implique que la ville perd l’opportunité de collaborer étroitement avec un opérateur pour développer un système qui contribue efficacement au plan vélo. »

Du côté de la ville, Bernard Dupré, conseiller municipal chargé des transports, explique que l’arrivée d’un nouvel opérateur en libre-service est une initiative privée que la ville n’a pas voulu bloquer.

Dans une interview accordée au quotidien Le Courrier de l’Ouest Bernard Dupré s’explique : « Lorsque je les ai reçus à l’automne, à leur arrivée, je leur avait simplement dit qu’il n’était pas certain qu’ils restent seuls. Dans le même temps, nous leur avons apporté la garantie d’être seuls pendant six mois pour s’adapter et conserver l’avantage de la connaissance du terrain. Ils me reprochent de ne pas les avoir reçus en mars dernier, ce que je n’ai pas pu faire parce que j’ai été arrêté sept semaines. »

Dans le Plan de déplacements urbains, l’agglomération s’est fixée pour objectif de doubler le nombre de déplacements à vélo par rapport à ce qu’ils sont aujourd’hui. Selon la municipalité, 1 000 vélos seraient nécessaires à Angers pour atteindre cet objectif.

« Pony a bénéficié de 6 mois de présence à Angers, sans concurrence, preuve d’un vrai soutien de la municipalité à cette startup. Je les ai d’ailleurs reçus ce matin pour échanger sur l’avenir… », a de son côté expliqué Christophe Béchu sur Twitter.