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Le SCO d’Angers dans la tourmente

Qualifié pour les quarts de finale de la Coupe de France, le SCO d’Angers traverse tout de même une mauvaise période, à cause de problèmes extra-sportifs. Willy Bernard, président du SCO depuis 2006 a été remis en liberté jeudi après-midi et placé sous contrôle judiciaire strict.

Après quatre années de présidence avec de bons résultats à la tête du SCO d’Angers, Willy Bernard fait parler de lui depuis quelques jours. Après une enquête de deux ans, le président du club angevin a été interpellé mardi et placé en garde à vue dans les locaux du Service régional de police judiciaire (SRPJ) d’Angers.

Selon une source judiciaire, il est reproché au président du SCO de s’être accordé des primes de deux fois 20 000 € et de s’être versé un salaire mensuel de 49 000 € durant l’année 2009. L’année dernière, il aurait fait payer au SCO la location de jets privés, pour un montant de 135 000 €. Willy Bernard a également dû expliquer aux enquêteurs la création et l’utilisation de deux comptes courants, l’un à son nom, débiteur de 264 000 euros, et l’autre au nom de NextGeneration, sa société, déficitaire pour 41 000 euros. Par ailleurs, le bail du siège de sa société à Paris aurait été signé et réglé par le SCO pour 144 000 euros.

Le montant total de ces malversations porterait sur une somme totale de 1 200 000 euros. Une somme que conteste le président angevin.

Remis en liberté hier, il a été placé sous contrôle judiciaire strict avant d’être convoqué devant le tribunal correctionnel le 8 avril pour abus de biens sociaux.

Pendant ce temps, Willy Bernard a interdiction de gérer le club, interdiction de quitter le territoire et d’entrer en contact avec certaines personnes. Un administrateur provisoire devrait rapidement être nommé au SCO.

La ville d’Angers a fait savoir dans un communiqué qu’elle se porterait partie civile : « Il s’agit d’argent public, déclare Michel Houdbine, adjoint au maire en charge des sports, nous souhaitons obtenir des explications et éventuellement réparation si la subvention de la Ville avait été détournée de son usage. Nous nous constituons donc partie civile dans l’intérêt de la collectivité et des contribuables angevins. Nous souhaitons également avoir accès aux éléments de l’enquête car nous avons désormais le sentiment que les éléments de bilan financier qui nous ont été présentés par le club dans le passé n’étaient pas sincères ».

Par ailleurs, la municipalité d’Angers appelle désormais Willy Bernard, dans l’intérêt du SCO, à se mettre en retrait de toute fonction dans le club et de toute intervention dans sa gestion le temps que la lumière soit faite sur les faits qui ont été rapportés.

Pour Michel Houdbine « c’est la pire chose qui pouvait arriver au SCO alors qu’il brille sportivement en Coupe de France. Le SCO est le club de tous les Angevins : il serait injuste que sa réputation soit ternie, ce serait un vrai gâchis pour le foot à Angers et en France ». L’adjoint aux sports est en relation régulière avec les autorités de la Ligue Nationale de Football Professionnel afin d’assurer la fin de la saison du club mais également pour que la LNFP se penche avec le plus grand sérieux sur le devenir du SCO, notamment de sa direction. Rappelons en effet que le SCO est une SASP, société privée, détenue par des actionnaires privés. La collectivité n’y intervient pas.

« Nous espérons désormais une issue rapide, conclut Michel Houdbine. Nous sommes attachés au SCO mais si des dérives avérées ont eu lieu, elles doivent être sanctionnées ».

De son côté, le conseil général à faire savoir qu’il pourrait demander réparation.

Enfin, la minorité angevine déplore une situation « dramatique sur le plan humain, sportif et financier ».

« Nous souhaitons ainsi renouveler la proposition avancée à plusieurs reprises par notre équipe de créer une commission de contrôle plurielle et efficace (élus de la majorité et de la minorité, experts,…) qui devra définir avec rigueur et transparence des méthodes d’analyse et d’investigation », a indiqué Laurent Gérault.

Issu d’un quartier populaire du Mans, les Sablons, Willy Bernard a été nommé talent des cités en 2003. Il est PDG de Next.Generation, spécialisé dans la récupération d’énergie solaire, et fut également PDG d’AB Fenêtres. Le plus jeune président d’un club de football professionnel a déjà été condamné par la justice en 2007 à 18 mois de prison avec sursis pour homicide involontaire.

Sa société de l’époque, AB Fenêtres, avait installé une porte de garage qui n’était pas aux normes. En 2004, un enfant était mort étouffé lors d’une manipulation de la porte rapporte France 3. Willy Bernard a racheté le SCO en juin 2006 et il en est l’actionnaire majoritaire.

En attendant son procès, Willy Bernard est présumé innocent.