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Campagne anti-VIH : Le maire d’Angers fait retirer les affiches avec des couples homosexuels

Suite à la demande du maire d’Angers, Christophe Béchu, la société d’affichage JCDecaux a retiré des panneaux d’affichages de la ville la dernière campagne de prévention contre le Sida, montrant des couples homosexuels.

La dernière campagne anti-VIH lancée par le Ministère de la Santé, présentant des couples d’hommes assez proches, avec comme slogan « Les situations varient, les modes de protection aussi » fait parler. Ces affiches devaient être posées sur 70 panneaux à travers la ville. La municipalité qui s’est réunie ce week-end a pris la décision de demander à la société JCDecaux de retirer immédiatement l’ensemble de ces affiches de prévention contre le Sida.

En fin de semaine dernière, l’adjoint au maire d’Angers, Roch Brancour (membre du parti politique Sens commun) et la conseillère socialiste d’opposition, Silvia Camara-Tombini avaient déjà échangé via les réseaux sociaux sur cette campagne de sensibilisation.

« Les premières victimes de cette campagne irresponsable sont les enfants à l’innocence bafouée et les personnes homo réduites à leur libido« , avait écrit Roch Brancour sur Twitter. « Non @rbrancour les premières victimes sont les victimes du VIH !« , lui avait répondu Silvia Camara-Tombini.

Christophe Béchu justifie de son côté cette décision. « Cette campagne, par les slogans choisis et par les messages suggérés, a suscité un grand émoi auprès de nombreux angevins […]. Volontairement choquante, cette campagne d’affichage est diffusée à proximité des écoles, au niveau des abribus, délivrant ainsi un message que les jeunes enfants sont incapables de comprendre.« 

Bernard Moreau, le président de l’association Quazar, Centre Lesbien, Gay, Bi et Trans d’Angers, se dit « tout à fait scandalisé par cette décision. Le maire d’Angers a cédé aux lobbies de la Manif’ Pour Tous et de Sens Commun représentés au sein de son équipe. Ce discours-là est trop trash parce que l’on y voit deux hommes ensemble ? Ce qui est visé par la décision de Christophe Béchu, c’est le couple homosexuel en tant que tel. Ça pose quand même de grosses questions : va-t-il falloir cacher à la population, dans les espaces publics, deux hommes ou femmes ensemble ? »

De son côté, la minorité angevine (Parti Socialiste) a fait part de son mécontentement dans un communiqué de presse : «  Une campagne d’affichage officielle de prévention contre le VIH représente des couples homosexuels. Mais deux hommes qui s’enlacent, c’en est trop pour Christophe Béchu qui décide de l’interdire car la trouvant « volontairement choquante ». Ce qui est choquant c’est plutôt cette décision inacceptable et purement homophobe de censurer une campagne grand public qui s’adresse pourtant à un public cible et très à risque, dans un contexte où le VIH-Sida fait encore des ravages et décime des vies chaque année. Devant cet enjeu de santé publique, la majorité de droite à Angers s’illustre tristement par son intolérance et son irresponsabilité. Après l’épisode de la banane à l’encontre de l’ancienne Garde des Sceaux, après l’arbre de la laïcité saccagé, après que le Maire permette à ses adjoints réactionnaires de ne pas respecter la loi en refusant de célébrer des mariages de couples de même sexe, nous n’avions pas besoin qu’Angers tourne en boucle toute la journée sur les chaines info comme étant une ville réactionnaire et qui manie la censure. Quelle belle image pour notre ville ! « 

Angers n’est pas la seule ville concernée. A Aulnay-sous-Bois en Seine-Saint-Denis, le maire (LR) Bruno Beschizza a pris un arrêté interdisant la diffusion de la campagne. Il considère que ces affiches sont « contraires aux bonnes moeurs et à la moralité » et « portent atteinte à la dignité au risque de heurter la sensibilité de l’enfance et de la jeunesse« .

En conséquence, la ministre des des Affaires sociales et de la Santé Marisol Touraine a annoncé attaquer ces maires en justice, « pour la santé publique et contre l’homophobie« .

Ian Brossat, adjoint communiste à la mairie de Paris, fustige de son côté une « épidémie de connards moyenâgeux. »

Les personnes favorables à cette campagne rappellent que les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes (HSH) sont les plus touchés par le VIH et les autres IST en France. Sur 10 personnes qui découvrent leur séropositivité chaque année, 4 à 5 sont des HSH. La population des HSH sexuellement actifs est estimée à 1,5 % de la population générale. C’est également la population la plus touchée par les autres IST (syphilis, gonorrhées, condylomes…) font-ils remarquer.